On n’est pas vraiment convaincu par son nom bizarroïde, MusVerre, trouvaille assez peu euphonique. On tique un peu sur le chiffre de 50 000 visiteurs escomptés chaque année pour ce musée implanté - comment dire? - un peu loin de tout, à Sars-Poteries (Nord), charmante bourgade de 1 500 âmes. On est en revanche davantage séduit par son architecture particulièrement «tenue», signée du toulousain Raphaël Voinchet (W-Architectures). Le site? Un paysage façonné par l’homme, marqué par la présence de l’eau et de haies bocagères. «Comment s’y installer pour présenter une collection d’objets en verre?» s’interroge l’architecte.

«C’est un programme classique de musée, mais l’écueil premier a été d’éviter un bâtiment… tout en verre!». Ce sera donc une subtile alliance de béton, d’un peu de métal (en structure, ponctuellement), et de pierre bleue du Hainaut, extraite à trente kilomètres de là, pour la vêture massive. L’ensemble du musée s’installe donc dans la pente, entre route départementale et centre-bourg, en passant par un Atelier du verre (existant). Il prend la forme de cinq corps de bâtiment, cinq «digitations» aux dires de l’architecte, reliées entre elles par l’artère intérieure principale qui les dessert. La volumétrie fragmentée n’a rien d’écrasant et ne s’autorise pas à dépasser les plus gros volumes bâtis du village.

Lesdites digitations se déploient dans le paysage, en ménageant des vues entre elles, manière de reconnecter bâtiment et territoire. A l’intérieur prendront place, dans une scénographie qu’on nous annonce d’une grande sobriété, une collection de production semi-industrielle (verres, brocs, bocaux, flaconnages, etc.), issue des verreries de Sars-Poteries (2 000 pièces) ; des créations contemporaines en provenance du monde entier (750 œuvres) et… les singuliers «bousillés», 800 pièces réalisées entre 1801 et 1937 par les verriers du lieu, pendant leur temps de pause. Des objets sans vocation commerciale aucune, «chefs-d’œuvre» du quotidien, témoignages précieux du savoir-faire, de l’inventivité et de la technicité des ouvriers verriers de jadis... Rendez-vous le 1er octobre pour juger de l’ensemble construit et de la muséographie.
