Au cœur historique du Mans, à deux pas de la cathédrale, le lieu dont l’origine remonte au XIIIe siècle a connu des affectations successives – couvent, imprimerie, etc. – et autant de reconstructions. Inauguré le 18 juin, le « Carré Plantagenêt – musée d’Archéologie et d’Histoire » – c’est son nom officiel – a été imaginé par les architectes parisiens Bernard Althabegoïty et Annick Bayle. Ceux-ci n’ont conservé que 60 % des bâtiments : « L’existant se présentait à la fois comme une qualité et un handicap, expliquent-ils. Les contraintes n’altèrent pas le projet, mais se glissent plutôt au-dedans. » Ainsi, les planchers anciens, trop abîmés, n’ont pas été conservés. Ce qui a nécessité de remettre tous les étages à niveau. De même, les murs historiques préservés ne pouvaient pas prétendre supporter le poids de nouvelles constructions.
Effondrement d’une voûte
Une structure de « mise à distance » a donc été créée au moyen d’une ligne de poteaux apparents.
Ceux-ci supportent le bâtiment neuf à la place de la façade existante, liaisonnée par les planchers. La plus importante contrainte du chantier est venue de l’effondrement d’une voûte en berceau en contrebas du bâtiment d’origine. Considérée comme l’une des parties les plus intéressantes du projet, elle n’a pas résisté aux fouilles archéologiques… « Nous avions tout misé sur ce bâtiment situé à un niveau intermédiaire, convient l’architecte, il nous a fallu retravailler le projet en reprenant la géométrie d’ensemble. » Au final, la voûte en pierre a été remplacée par une structure en béton qui libère davantage d’espace pour les expositions temporaires.
Technique dissimulée
Le choix d’une succession de grands plateaux ouverts les uns sur les autres, qui donnent naissance à un immense volume unique, a, de son côté, rendu complexe le désenfumage du musée. Une solution en ventilation naturelle a été retenue, avec des arrivées d’air et des extractions réparties dans les volumes à tous les étages. Toutefois, une extraction motorisée a été rajoutée au dernier moment en rez-de-chaussée pour accélérer l’évacuation de la fumée. « La technique est naturellement importante dans le bâtiment, mais elle se trouve totalement soumise aux ambiances que nous voulions créer et intégralement dissimulée dans des niches », précise Bernard Althabegoïty.
Pierre, zinc et enduit
Détecteurs incendie, éclairages muséographiques et de sécurité sont traités dans ces creux qui viennent en retrait des plans de toitures. « Il n’y a pas d’éclairages fixes », explique l’éclairagiste Frank Franjou, des petits spots orientables sont fixés sur des rails en plafond et dans des gorges filantes dans les salles plus basses. Ces niches tapissées d’absorbant sonore traitent également l’acoustique du lieu. Les choix techniques se sont limités au respect des exigences de la réglementation thermique (RT) version 2005. La plupart des solutions restent traditionnelles à l’exception du plancher chauffant/rafraîchissant, préféré à une climatisation plus coûteuse. L’option retenue consiste à trouver un équilibre entre ce plancher équipé d’un réseau d’eau (chaude ou froide) et le traitement d’air complémentaire. Par souci d’économie également, les locaux techniques ont été répartis entre sous-sol et étages, afin de limiter les cheminements de gaines. Côté matériaux, la structure est en béton, la charpente métallique et les couvertures en zinc et ardoise. « Pour rythmer les volumes, nous avons joué sur les contrastes entre matériaux », souligne l’architecte. Ainsi, les murs existants sont en pierre tandis que les murs neufs alternent pierre, zinc et enduit. Un enduit rouge recouvre trois des murs du patio central, un choix préféré à celui de la végétalisation par le maire du Mans, Jean-Claude Boulard, qui souhaitait introduire de la couleur. « Le résultat est étonnant, confie Bernard Althabegoïty, la couleur extérieure teinte de reflets rouges les salles qui entourent le patio. »