Eric, cette machine qui donne un coup de jeune aux voies ferrées

Le klaxon du train vient perturber le silence de la verdoyante campagne avesnoise. Voilà déjà quelques heures qu'une vingtaine d'hommes, sur la centaine mobilisée sur ce chantier, tout d'orange vêtus, s'affairent sur le train-usine Eric. Cet « Engin de régénération industrielle caténaire » remplace, jusqu'au 20 septembre, 1 200 armements caténaires - le dispositif qui maintient les câbles électriques aux poteaux - sur un tronçon de 35 km de la ligne Lille-Hirson, entre Dompierre-sur-Helpe (Nord) et Hirson (Aisne).

Long de 200 m environ, ce train-usine unique au monde a été mis au point par Geismar, TSO et Colas Rail et permet plusieurs étapes de travail en simultané. La première consiste à emballer les anciens isolateurs en céramique pour éviter les dégagements de fibres d'amiante en cas de casse. Un problème qui ne se posera plus par la suite car ils sont remplacés par des éléments en verre. « Ensuite, les haubans de maintien des caténaires sont remplacés par une équipe postée dans une nacelle automotrice [aussi appelée NAM, NDLR] du train-usine », explique Bastien Choquet, pilote d'opération pour SNCF Réseau. Derrière, deux autres NAM suivent. Elles sont dédiées au pendulage et aux connexions de répartition. Une opération qui vise à déposer les pendules existants pour en installer de nouveaux. Ces derniers, verticaux, maintiennent l'écart entre le câble porteur et l'élément conducteur qui alimente les trains en électricité via leur pantographe. La dernière intervention réside dans le changement des armements de caténaires à proprement parler. Cette fois, une grue récupère les armements démontés par une première équipe, puis une seconde fixe de nouveaux équipements, levés par une autre grue. Pour finaliser les opérations, des wagonnets suivent le train-usine pour réaliser les travaux connexes de réglages et autre débroussaillage. Ces opérations se déroulent en journée, entre 9 h et 17 h 30 afin de préserver la circulation des trains du matin et du soir. La seule interruption complète était prévue du 3 au 26 août.

Organisation millimétrée. Cette organisation millimétrée constitue un gage de rapidité. Après un peu d'entraînement, l'équipe ne met que onze minutes pour remplacer un armement, ce qui permet d'obtenir une cadence de 25 à 30 remplacements/jour. « C'est cinq fois mieux que le rendement en méthode traditionnelle pour un coût deux fois moins élevé », assure Bastien Choquet.

Dans une autre zone du même tracé, à l'approche de la gare de Valenciennes (Nord), SNCF Réseau a déjà remplacé trois aiguillages. Très fréquemment sollicités, ces équipements doivent être changés tous les quarante ans en moyenne. Ici, c'est la technologie de la société Vossloh-Cogifer, basée à Fère-en-Tardenois (Aisne), qui a été choisie. Les matériels ont ensuite été fabriqués dans l'Oise par l'établissement de production de SNCF Réseau installé à Chambly.

D'ici début septembre, le maître d'ouvrage prévoit par ailleurs de renouveler deux kilomètres de voies à l'approche des gares d'Aulnoye-Aymeries, du Quesnoy et du Poirier, toujours sur la même ligne. Les travaux consisteront alors à remplacer les composants usés tels que rails, traverses et ballast. Cette fois, ce sont des trains-travaux classiques comprenant tronçonneuses, ballastières, bourreuses et autres pelles rail-route qui entreront en action. Avec une centaine de personnes mobilisées sur la totalité des travaux, l'opération représente un coût total de 18,1 M€.