Que pensez-vous de cette expérimentation ?
Il s’agit d’une vraie opportunité, car c’est un outil simple d’utilisation. Pour faire de l’achat innovant, nous avions déjà le partenariat d’innovation, mais qui est très compliqué à mettre en œuvre. Dorénavant, avec ce nouvel instrument, il nous est impossible de nous cacher derrière la complexité de la réglementation. Il faut donc se lancer, tout en restant prudent : l’objectif n’est bien évidemment pas de passer un maximum de marchés sans mise en concurrence. A présent, nous disposons d’une fenêtre de tir de trois ans, avec une alternative simple : si ce dispositif n’est pas utilisé, ou s’il n’y a pas de retour positif, alors l’expérience ne sera pas reconduite.
Jusqu’à présent, l’engouement autour de cette expérimentation est assez faible. Pensez-vous que la sortie du guide pratique va donner un coup de boost à cette expérimentation ?
Il est vrai que les acheteurs publics sont assez circonspects quant à cette expérimentation, et en particulier sur la notion d’innovation. Nous espérons grâce à ce guide, qui était très attendu des praticiens et notamment des collectivités locales, en faire la promotion et convaincre les acheteurs publics.
Une partie du guide est en ce sens très importante, celle relative au faisceau d'indices.
Au travers d’une série de questions, l’acheteur peut caractériser si son besoin entre dans le cadre d’un achat public innovant. Pour raisonner simplement, à partir du moment où il ne s’agit pas d’un achat sur étagère et qu'il y a quelque part sur tout le cycle de vie du projet quelque chose qui n'est pas standard, alors il s’agit d’un achat innovant.
"Faire des expérimentations avec des PME"
Au sein de votre collectivité, avez-vous prévu d’utiliser cette expérimentation ?
En effet, cela rentre complètement dans notre politique d’achat. Nous sommes attentifs aux entreprises innovantes sur notre territoire, et nous cherchons à les valoriser au travers de notre commande publique. D’ailleurs, nous avons déjà utilisé ce décret grâce à notre direction des espaces verts pour un marché de revégétalisation du centre-ville de Bordeaux.
Il est innovant car il concerne des espèces naturelles que l'on ne trouve pas aujourd'hui sur le marché. D’autres projets sont en cours de validation.
Selon vous, cet outil peut-il faciliter l’accès des PME, notamment locales, à la commande publique ?
Tout à fait, et c’est d’ailleurs là encore le sens de notre politique d’achat. Les PME de notre collectivité peuvent avoir du mal à accéder à nos marchés, car nous avons des gros volumes. Or, certaines ont des idées, mais pas forcément les moyens de mettre leur projet sur le marché ou le développer.
Ce décret va alors nous permettre de faire des expérimentations avec ces entreprises, étant donné que rien ne nous interdit de contracter avec un opérateur local.
Bien évidemment, nous ferons du sourcing, et vérifierons avec le faisceau d'indices prévu dans le guide si nous sommes bien dans le cadre du décret.