La polémique au sujet de la dernière Equerre d’Argent est représentative de l’état du "débat" sur les questions architecturales et urbaines :
- vite conçu : images réalisées sous 48 heures pour séduire
- vite compris : messages simples, faisant l’économie du débat
- vite jugé : 2 heures pour tout comprendre d’un travail de 2 à 12 mois
- vite développé : permis de construire « contre rançon » en 15 jours (…on aimerait pouvoir constater vite instruit…)
- vite construit : délais de préparation insuffisants qui plantent les chantiers
- vite inauguré : urgence de communication pour cause d’échéances électorales... (on y oublie parfois de citer les maîtrises d’œuvre)
- vite publié : immensité du besoin de reconnaissance
- vite attaqué (1) : des clans, des chapelles, des modes…
- vite oublié : abondance d’images qui s’annihilent, pénurie de critique.
Pourtant, tous les architectes produisent ensemble nos villes et préservent l’avenir de la planète.
Pétition et boycott risquent de produire l’effet inverse de ce qui est dénoncé, et in fine, de "vider (un peu plus) de son sens la complexité de la pensée architecturale".
L’Architecture aura tout à gagner à ce que les architectes, qu’ils se reconnaissent ou non dans cette pétition, réclament et participent à la mise en place d’un débat permanent qui informe et instruise le public, aient envers les médias l’exigence de véritables échanges, objectifs, instruits, argumentés, loin de tout manichéisme générateur d’ostracisme et de confusion.
La presse (le Moniteur et le Monde pour leur part et dans ces circonstances), ne devrait-elle pas instaurer ce débat (2), prouvant ainsi combien elle "valorise la place de l’architecture et des architectes".
Il doit être par-dessus tout débattu de l’extrême richesse des pensées architecturales.
L’expression de cette diversité est le gage de la force, de la confraternité, et de l’épanouissement des architectes, à condition que ces pensées s’expriment dans un débat dédramatisé, éclairé et cultivé, qui aidera les collectivités et les citoyens à vivre et à organiser l’aménagement du territoire avec la plus grande clairvoyance.
ateliers 234 – Olivier Arene, Pierre Bolze, Christine Edeikins, Jean Mas, Simon Rodriguez-Pagès, François Roux (le 14 novembre 2007).
(1) les deux récents articles de Frédéric Edelmann, et notamment celui du mercredi 13 novembre dans lequel il amalgame procédure et projet lauréat, de l’Equerre d’Argent, alimentant une désinformation au sujet d’une œuvre qui n’a été mise en cause à aucun moment.
(2) L’architecture réclame des débats publics animés par des modérateurs réellement critiques pour remplacer certains monologues rédactionnels trop rarement controversés.