Equipement : Versailles en sa vitrine

Sur les sept millions de visiteurs annuels du château de Versailles (Yvelines), plus d'un million arrivent par la gare du RER C la plus proche. Pendant longtemps, lorsqu'ils en sortaient, ce qu'ils voyaient en premier était « une gare routière moche et sinistre », se souvient François de Mazières, maire de la Ville et président de la communauté d'agglomération de Versailles Grand Parc. Pour leur donner une meilleure impression de la cité royale et de ses alentours, l'élu a décidé d'installer ailleurs le terminal de bus et de construire à la place le nouvel office de tourisme bordé d'un jardin. « Ce pavillon et ce bosquet, à la fois sobres et élégants, célèbrent l'alliance heureuse entre le bâti et le végétal qui a fait, et continue de faire, de Versailles un modèle », estime-t-il. L'architecte Philippe Chiambaretta (agence PCA-Stream) et le paysagiste Nicolas Gilsoul en sont les auteurs respectifs.

Inauguré le 6 mai, l'édifice de 411 m² est inspiré du « classicisme à la française », explique son concepteur, c'est-à-dire « d'une recherche de beauté par la géométrie et la symétrie ». Le plan adopte ainsi une forme simple, rectangulaire, de 24 x 17,50 m. Le rez-de-chaussée ouvert au public et l'étage réservé au personnel intègrent un volume vitré, entouré d'un péri style. Par un effet de perspective, les colonnades qui longent les façades nord et sud convergent vers un point de fuite focalisant le regard vers la porte d'entrée du bâtiment.

Une pierre millimétrique. Cent blocs de pierre de Bourgogne, d'un poids unitaire de 400 kg, ont été nécessaires pour réaliser les 20 piliers extérieurs, de 40 cm de section. En revanche, seuls quelques millimètres d'épaisseur du même matériau ont suffi à habiller les poutres de rives du toit plat et donner l'illusion d'une structure homogène. En réalité, la fine couche minérale est collée sur des panneaux nid-d'abeilles en aluminium, fixés à la charpente en bois lamellé-collé. « La pierre utilisée est extraite de la même carrière et provient du même banc que celle destinée à la maçonnerie, ce qui assure à l'ensemble une parfaite homogénéité de teinte, de veinage et de grain, souligne l'architecte Sébastien Truchot, directeur de projets au sein de PCA-Stream. Nous avons associé une mise en œuvre ancestrale avec une technologie moderne afin d'atteindre l'esthétique souhaitée. » L'intérieur de l'office de tourisme est vaste, avec pas moins de 5,50 m de hauteur sous plafond. Les caissons de ce dernier rappellent ceux visibles dans la demeure du Roi-Soleil, notamment au-dessus de l'escalier des Princes. Dépourvus d'ornementation, ils sont formés ici par l'intersection des poutres de la charpente en douglas, entre lesquelles se logent les panneaux acoustiques et l'éclairage.

Davantage d'échanges. Après quelques semaines de fonctionnement du lieu, sa directrice, Sophie Eber, évoque d'ores et déjà des retours positifs de la part des utilisateurs. « La configuration des précédents locaux était telle qu'il y avait une file d'attente constante de visiteurs venus prendre un plan de la ville et acheter un ticket d'entrée pour le château, précise-t-elle. Maintenant, grâce aux trois espaces créés pour la banque d'accueil, la table numérique et la boutique, nous pouvons échanger davantage avec eux et mieux valoriser ce territoire. » Le projet de François de Mazières consistait à faire de cet édifice et de son jardin « une vitrine » de Versailles, insiste Florence Mellor, adjointe chargée du tourisme et des relations internationales. Elle se réjouit de pouvoir dire : « Auparavant, nous renseignions les visiteurs ; à présent, nous les recevons. »