Equipement : une crèche chausse un pied d'immeuble

Construit sur dalle dans les années 1970, le quartier Louvois à Vélizy-Villacoublay (Yvelines) vient d'achever sa transformation en écoquartier. Autour des bâtiments de logements existants se sont installés de nouveaux équipements, dont la crèche Les Nénuphars et une ludothèque, ouvertes respectivement en septembre 2023 et en janvier 2024. Conçues par l'agence d'architecture a+ Samuel Delmas, elles s'intègrent dans et autour d'un pied d'immeuble.

La Ville, maître d'ouvrage de l'opération, avait dès l'origine demandé un toit végétalisé. « En le positionnant au niveau des premiers balcons d'appartements, nous offrons aux habitants une vue sur un jardin vivant », indique Marine Piboin, architecte et cheffe de projet. L'absence de garde-corps sur ce toit, là aussi voulue par la municipalité, renforce l'impression d'une continuité paysagère avec le petit parc arboré qui borde l'équipement. Cet espace vert, agrémenté d'un bassin de 600 m3 , accueillait auparavant une galerie commerciale. Les aménagements urbains sont signés Urbicus.

Les petits en bas, les grands en haut. La crèche de 62 berceaux se compose de blocs de tailles différentes afin de distinguer les niveaux d'âge des enfants. Les petits évoluent donc au rez-de-chaussée, et les grands à l'étage. Les façades en bois sont rythmées, verticalement, par des brise-soleil en peuplier d'un brun profond dont les nuances changent avec celles du ciel et, horizontalement, par des couvertines en zinc doré. A l'intérieur, la lumière naturelle pénètre de tous les côtés : par les patios végétalisés, par les larges fenêtres du couloir et par les puits de lumière au plafond.

« De la rédaction de la commande aux derniers détails du chantier, les services de la petite enfance ont été intégrés au projet », souligne Nathalie Morel Chusseau, directrice des grands projets à la mairie de Vélizy-Villacoublay et architecte de formation. Les espaces ont été clairement définis pour faciliter leur travail et faire en sorte qu'ils soient adaptés à l'âge des enfants. « L'habillage en bois d'okoumé dans le couloir sert de rangement pour leurs affaires », cite à titre d'exemple Marine Piboin. La ludothèque adopte les mêmes codes d'aménagement intérieur pour garantir une qualité de prestation similaire.

L'agence a+ Samuel Delmas est allée encore plus loin, en essayant de se mettre à la place des plus jeunes utilisateurs de la crèche qui, en l'absence de maîtrise du langage, « ne peuvent formuler leurs besoins », argumente la cheffe de projet. Elle a alors imaginé, sur la totalité de la façade côté bassin, un bandeau vitré dont la partie basse est libre, sur un mètre de hauteur, de tout meneau, ceci afin d'offrir aux petits une vision maximale depuis l'intérieur vers le jardin. Cet ouvrage a nécessité une « prouesse technique », admet Marine Piboin, qui reconnaît le rôle primordial des entreprises dans sa bonne exécution. La mise en place d'une structure bois en porte-à-faux ainsi que des lames brise-soleil devenues ici structurelles ont permis de s'affranchir de points d'appui intermédiaires, tout en reprenant le poids de la toiture-terrasse végétalisée avec ses 50 cm d'épaisseur de terre.

Vue sur les arbres. Même si une clôture délimite l'espace public des jeux extérieurs de l'équipement, les brise-soleil sont encore présents au-dessus de ces longues vitres afin de préserver l'intimité. L'idée du bandeau vitré a plu à la maîtrise d'ouvrage et démontre, selon elle, « toute la réflexion de l'agence d'architecture sur les enfants en bas âge », confie Nathalie Morel Chusseau. Encore une manière pour la crèche, située à une centaine de mètres de la forêt de Meudon, de valoriser les abords du nouvel écoquartier. Petits et grands peuvent ainsi admirer à leur guise, et au plus près, les nombreuses pies qui ont élu domicile dans les arbres alentour.