Equipement sportif : que dalles !

Bordeaux, on le sait, doit une large part de sa physionomie actuelle à Michèle Laruë-Charlus, ancienne directrice générale de l'aménagement de la Ville. C'est elle qui, en 2016, lance en guise de défi aux jeunes architectes de l'agence NP2F (Nicolas Guérin, Paul Maître-Devallon, François Chas et Fabrice Long) : « Sauriez-vous construire une cathédrale des sports ? » Ils ne se démontent pas, la prennent au mot et pactisent dans la foulée avec l'Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA) et la Banque des territoires pour se lancer dans cette aventure d'un nouveau genre… Cette année voit la matérialisation du projet avec la consécration de la fameuse « cathédrale », à l'entrée du nouveau quartier Brazza.

« Façade poreuse ». Au programme de « l'UCPA Sport Station », sa dénomination officielle : squash, padel tennis, escalade, gymnastique, fitness club, yoga, cardio, etc. Avec, cerise sur le gâteau, un spectaculaire toit-terrasse aménagé en rooftop. Il accueille un practice de golf ceint de hauts filets, ainsi qu'un bar-restaurant avec vue panoramique sur le centre-ville et les coteaux lointains, établissant ainsi la volonté d'inscrire le bâtiment dans la géographie du territoire. « Le plus gros spot UCPA du genre », aux dires des architectes, s'étage sur six niveaux - 20 m de hauteur et autant pour les filets - et peut se lire comme « un empilement de planchers, une super-ossature “capable” en béton bas carbone, simple support des usages », détaille Nicolas Guérin.

Un nouveau spot pour les Bordelais qui se veut dynamique, jeune et familial ; transparent et ouvert sur la cité, en superposant les espaces extérieurs, « tout comme les places d'une même ville ». Dans la mesure où l'équipement accueille, pour sa plus grande part, des sports outdoor, il se présente sans véritable façade ou, à tout le moins, affiche une « façade poreuse », habillée de simples filets agricoles coupe-vent rétractables pour laisser passer la brise tout en protégeant des bourrasques éventuelles. « L'ensemble respire naturellement », fait valoir François Chas.

Avantage du dispositif : nul besoin de désenfumage ni de chauffage pour les deux tiers du volume. Seul un tiers est chauffé (et donc clos par une façade opaque ou vitrée), comprenant les espaces dédiés aux sports en ambiance contrôlée - squash, yoga, fitness, cardio-musculation - ainsi que les vestiaires, le restaurant et l'accueil.

Frugal et reconfigurable. Le bâtiment affiche donc une certaine frugalité, avec des prestations en chauffage, climatisation, ventilation et éclairage réduites au strict indispensable. A savoir 900 000 kWh/an économisés par rapport à un même projet considéré clos-couvert (soit 56 % de réduction des consommations) et une économie de 2 270 tonnes de CO2 sur les émissions liées à la construction elle-même, selon les calculs de l'agence.

L'équipement, reconfigurable, pourra accueillir d'autres sports (skate, BMX, roller, etc.) si l'offre du moment ne rencontre pas le succès escompté. Et si le toit-terrasse se distingue par son prac-tice de golf, le socle de l'édifice n'est pas en reste avec son impressionnant complexe d'escalade qui se présente comme unique en France (paroi en dévers de 14 mètres de hauteur, highline et jumpline). De la base au sommet, les sportifs pratiquants peuvent donc être rassurés : ce siècle sait encore construire des cathédrales pour leur culte !