Le bois communal de Thouars, où pins et feuillus se côtoient depuis plusieurs siècles, abrite la Plaine des sports de Talence (Gironde). Inauguré en 1976, le stade Pierre-Paul-Bernard accueille scolaires, membres d'associations, sportifs professionnels, etc. Il organise également des compétitions d'athlétisme comme le Décastar. Repris par Bordeaux Métropole en 2017, l'équipement a, dès cette date, été repensé et complété par l'agence K-Architectures (Karine Herman et Jérôme Sigwalt).

Première étape de leur intervention : la rénovation de la piste et des tribunes d'origine construites par François Courrech. Les architectes en ont accusé l'abstraction en peignant en noir les piles qui soutiennent l'auvent de bois ondulant en porte-à-faux. Dans le virage, ils ont inscrit un bâtiment de stockage, à l'intérieur d'une butte, et construit, en léger retrait du stade, le pôle de maintenance : le « pavillon des jardiniers », dédié aux agents chargés des espaces verts. Avec ses claires-voies en bois brûlé, il apparaît comme le prototype du vaste complexe sportif qui s'étend un peu plus loin.

En phase concours, l'équipe avait proposé d'étirer le bâtiment le long du stade, dans le sens inverse de celui prévu par le programmiste, afin de ne pas masquer la vue vers la forêt depuis la route. Jérôme Sigwalt a alors deux principales références en tête : l'architecture traditionnelle japonaise et la maison Girolle, imaginée dans les années 1960 par la mythique agence bordelaise Salier-Courtois-Lajus-Sadirac. « Nous voulions réaliser un équipement discret dans le paysage », explique le chef de projet Alexandre Rolland.

Brume matinale. Aussi les concepteurs le fragmentent-ils en huit volumes et le glissent partiellement sous la canopée de la zone boisée. Puis ils travaillent les échelles selon l'orientation. A l'aide de toitures métalliques à surfaces gauches, ils élèvent côté ouest, face au stade, des façades plus basses qu'à l'est où elles culminent à 12 m et se signalent à la ville. Traités comme de simples feuilles posées, ces toits évoquent les nappes de brume matinale… Pour assurer une meilleure durabilité, l'agence opte pour la technique japonaise du yakisugi, du bois brûlé, ici réalisée avec du pin douglas. Mais la réglementation incendie l'a contrainte à mettre en œuvre de fausses claires-voies, à savoir un bardage de lames pleines creusées.

A l'intérieur, l'accueil, la salle de réunion, la cantine et les bureaux affichent des proportions domestiques, tandis que les espaces sportifs prennent de l'ampleur avec d'importantes hauteurs sous plafond : un dojo financé par la Ville, une salle de musculation et une halle d'entraînement non chauffée de 2 000 m² destinée aux athlètes. Sur un soubassement en béton, qui assure stabilité et résistance au feu, la structure porteuse est en pin des Landes. Jusqu'à récemment, cette essence locale ne pouvait pas être utilisée structurellement pour de telles dimensions. Grâce à de nouveaux procédés permettant de détecter les défauts majeurs du bois et de les traiter, l'entreprise Lamécol, située à 7 km du stade, a pu adapter sa production à la fabrication et à l'assemblage de la charpente en lamellé-collé.

Afin de respecter l'économie du projet, et dans une recherche de simplicité esthétique, les matériaux sont laissés bruts et les réseaux apparents. K-Architectures a également employé du pin maritime pour habiller les murs de la halle d'athlétisme, réaliser les revêtements acoustiques du dojo ainsi que le mobilier sur mesure. « L'effet japonisant est notamment perceptible dans le travail méticuleux sur le calepinage des éléments techniques », précise Alexandre Rolland. Les baies de polycarbonate, avec leurs montants, évoquent ainsi les shôjis, ces minces parois de papier translucide, coulissantes, montées sur un cadre en bois, et propres à l'architecture japonaise traditionnelle. Elles sont calepinées à partir des lignes de l'habillage mural intérieur. Allant jusqu'au bout de l'utilisation des ressources locales, les architectes ont également transformé la chaufferie existante afin qu'elle fonctionne au bois.


Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Bordeaux Métropole.
Maîtrise d'œuvre : K-Architectures (architecte études et chantier, mandataire), Bosco (architecte partenaire esquisse). BET : Cetab (études techniques), Osmose (ingénierie sportive), Itac (acoustique), AIA Management (OPC).
Entreprise : Lamécol (charpentes lamellé-collé, façades et ossatures bois).
Surface : 5 102 m2 SP, dont 3 500 m² pour le bâtiment sportif et administratif.
Coût des travaux : 12,2 M€ HT, dont 5,5 M€ HT pour le bâtiment sportif et administratif.