Equipement scolaire : leçon de conception bioclimatique

A fin de faire face aux besoins nouveaux créés par une forte poussée démographique, Aucamville (Haute-Garonne) a inauguré à la rentrée dernière le groupe scolaire Rosa-Bonheur. Pour cette commune de l'agglomération toulousaine, la construction de cet établissement de 15 classes a été l'occasion de développer des dispositifs exemplaires en matière environnementale. Il s'agissait aussi de garantir aux élèves et aux enseignants des conditions optimales. Les objectifs de confort acoustique et visuel, de qualité de l'air et d'ouverture paysagère ont donc guidé la conception de ce bâtiment de quelque 3 200 m² SU, pilotée par l'agence 360°.

Ainsi la morphologie particulière, tout en voûtes, de l'édifice s'explique en premier lieu par le choix de ventiler naturellement l'ensemble des salles de classe et l'espace de restauration. « Nous avons proposé cette forme de toiture généreuse car, pour favoriser le renouvellement d'air, est apparu le besoin de volumes importants », explique Thomas Leblanc, architecte associé au sein de 360°.

Sentiment de protection. La seule aile à s'élever sur deux niveaux présente une volumétrie plus imposante, donnant sur le parvis d'accueil. Le caractère institutionnel de l'édifice, souligné par l'usage de la terre cuite, apparaît ainsi clairement à tous, depuis l'extérieur. A l'intérieur, la composition est tout autre. La vaste cour crée une liaison naturelle entre les trois composantes de l'établissement - l'école maternelle, les classes de primaire dans l'aile en R + 1, l'espace de restauration - qui sont par ailleurs dotées d'accès séparés pour des questions de sécurité.

Ecrin d'intimité pour les enfants, ce grand quadrilatère les préserve aussi des vents et du bruit de la circulation automobile. L'habillage de bois et de verre associé à la douceur des voûtes renforce ce sentiment de protection, comme dans un cloître. Pour autant, la cour n'est pas totalement coupée de l'extérieur : le préau des élèves de primaire, qui forme le quatrième pan du bâtiment, est uniquement fermé par des claustras qui autorisent une vue sur le futur quartier Gratian.

Les matériaux à faible empreinte carbone et ancrés dans l'identité architecturale locale ont été privilégiés. La structure en poteaux-poutres a été réalisée exclusivement avec la marque de certification « Bois des Pyrénées », et les solivages avec des bois de France. Sur les murs, dominent non seulement la brique de terre cuite emblématique de Toulouse, mais aussi la terre crue longtemps majoritaire dans les campagnes avoisinantes.

Résistance au feu de 90 minutes. Innovante en milieu scolaire, l'utilisation en cloisonnement de briques de terre crue non stabilisée a fait l'objet d'un avis de chantier. « Il nous a été demandé une résistance au feu de 90 minutes.

Le fabricant a pris en charge la réalisation des études, ce qui permettra de reproduire sur d'autres opérations ce complexe associant bois et terre crue », souligne Meriem Bekkoucha, architecte associée chez 360°.

Pour prouver, par ailleurs, l'efficacité acoustique de cette matière crue, des tests vont être réalisés par le laboratoire Lasa. Plus généralement, le confort d'écoute était une priorité et a trouvé sa résolution dans l'orientation du bâtiment : la façade nord-est a été positionnée à 90° par rapport à l'A62 proche. De la sorte, aucune fenêtre n'est dirigée vers l'autoroute et les besoins en isolation ont été limités.

Les voûtes ont également joué un rôle.

« La forme même des plafonds permet de panacher les réflexions sonores pour mieux les diffuser », pointe Jérôme Gava, ingénieur acousticien au sein du bureau d'études Delhom. S'y ajoute un traitement acoustique associant lattes de bois perforées et voile absorbant en feutre.

Le groupe scolaire Rosa-Bonheur a été labellisé en décembre Bâtiments durables Occitanie niveau or pour sa phase réalisation, après l'avoir déjà été au stade conception.