L'heure des grandes vacances a sonné au lycée français Charles-Lepierre de Lisbonne (Portugal). Tous les élèves, de la petite section de maternelle jusqu'à la terminale, ont déserté les salles de classe à l'issue d'une année marquée par la restructuration de la partie dévolue à l'enseignement primaire de l'établissement. Celle-ci concernait la réhabilitation de bâtiments datant des années 1950 et 1970, ainsi que la construction de trois extensions.
L'ensemble, livré à la rentrée scolaire 2022, a été inauguré le 19 avril dernier. Pour concevoir le projet avec leurs confrères portugais Ooda et Ma. Teria, les architectes de l'agence française Méandre etc' ont posé leurs valises à Lisbonne afin de s'imprégner de l'atmosphère du lieu. « Construire sous d'autres latitudes que les nôtres implique de s'acclimater », estime sa fondatrice, Emmanuelle Patte.

Concertation. Soleil, vent et pluie, mais aussi vie quotidienne du lycée, tout a été analysé et transposé en dessins et maquettes d'architecture lors d'un atelier organisé in situ, en concertation avec la communauté scolaire. Résultat : un projet élaboré au plus près des réalités du terrain et des besoins. L'un des principaux points à traiter par l'équipe de maîtrise d'œuvre était le confort thermique, dans le neuf comme dans l'ancien. Des panneaux en liège expansé de 9 cm d'épaisseur isolent donc par l'extérieur l'ensemble de l'opération. Selon les architectes de l'agence Méandre etc', ils ont prouvé leur efficacité cet hiver quand l'installation de chauffage a rencontré un problème technique, puisque personne n'a eu froid.
Comme le souhaitait l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), maître d'ouvrage, aucun climatiseur n'a été installé dans les salles de classe. Celles-ci sont rafraîchies le jour, et surtout la nuit, grâce aux ouvrants - réglementaires au Portugal - intégrés aux nouvelles menuiseries en mélèze. Les ouvrants du haut, dits « hygiéniques », renouvellent l'air sans incommoder les occupants, tandis que ceux du bas, dits « de confort », leur procurent une brise agréable. Des brasseurs d'air complètent le dispositif.

Outil pédagogique. Des lames verticales, elles aussi en mélèze, protègent les façades les plus exposées au rayonnement solaire. Certaines sont orientables grâce à une manivelle positionnée à hauteur d'enfant. Les jeunes élèves, sous le regard de leurs enseignants, apprennent ainsi à gérer la luminosité et la chaleur en fonction des saisons. « J'adorerais que le bâtiment serve d'outil pédagogique sur le climat, indique Emmanuelle Patte. Ouvrir ou fermer des brise-soleil ne devrait pas être perçu comme une perte de temps, mais comme un moment pour observer la météo et adapter les conditions de son bien-être en conséquence. » Les espaces extérieurs, conçus avec les Français de Panorama Paysage et leurs homologues lisboètes de Rio Plano, participent aussi au confort thermique du site. De nouvelles plantations bordent les façades ensoleillées. Elles s'ajoutent aux arbres existants qui apportent déjà ombrage et fraîcheur. Les cours de récréation, sur le modèle parisien des cours oasis, ont été rendues moins imperméables pour que les eaux pluviales s'infiltrent jusqu'à la nappe phréatique. Une goutte de plus dans la lutte contre les îlots de chaleur urbains.
