Equipement scolaire : l'écologie au long cours

Simplicité bien pensée est mère de progrès : telle est la leçon de choses dispensée à la soixantaine d'enfants qui ont investi l'école communale de La Selle-Craonnaise (Mayenne), livrée en février dernier par la jeune agence rennaise Huitorel & Morais Architectes. Cet ensemble de 444 m2 abritant une classe de maternelle, deux de primaire et une salle de motricité a été conçu avec du bois, de la paille, un peu de zinc et beaucoup d'idées.

« L'objectif était de construire en contrebas de l'église un lieu de vie sain et attractif qui rassemble des élèves et des enseignants autrefois partagés sur deux établissements, explique Alexandre Morais. Nous nous sommes efforcés de tirer parti de cette topographie inclinée qui dégage de superbes vues sur la campagne. » Construire sur le parking d'un terrain de football, dans le centre du bourg, permettait aussi de ne pas artificialiser de terres. Les salles de classe se répartissent entre deux bâtiments, placés à la perpendiculaire l'un de l'autre et qui délimitent les cours de récréation des maternelles et des primaires.

Absence de couloirs. Les concepteurs méritent un premier bon point pour avoir su convaincre le jury du concours de l'inutilité des couloirs dans une si petite école. Le gain de surface a tout d'abord été mis à profit pour créer de généreux espaces extérieurs. Quant aux classes, ce sont des pièces carrées de 80 m², avec 3,50 m sous plafond, échappant ainsi aux traditionnelles salles rectangulaires de 60 m². Surtout, en l'absence de circulations, les espaces sont presque tous traversants et profitent d'un surplus de lumière du jour qui stimule l'apprentissage, participe aux bonnes performances thermiques des lieux et rend possible une ventilation naturelle, en particulier lors des récréations.

Un second bon point doit être attribué pour l'approche écologique, low cost et locale du projet. « Le maire, qui a effectué toute sa carrière d'ingénieur dans l'industrie nucléaire, imaginait son école en parpaings et en ardoise, raconte Gaël Huitorel. Mais il s'est montré réceptif à nos arguments en faveur d'un mode constructif mêlant ossature en douglas, isolation paille et couverture en zinc. Le surcoût d'environ 15 % par rapport à une construction classique ne pèse pas lourd lorsque l'on se projette à moyen terme. » Et l'architecte d'énumérer les avantages du système constructif : coût d'entretien moindre, faible bilan carbone ou encore contribution au développement de filières locales comme la paille. « Sans oublier la dimension pédagogique d'un établissement qui éveille ses jeunes élèves à l'écologie », souligne-t-il.

Le dernier coup de maître des architectes est d'avoir saisi une opportunité pour insérer au mieux l'école dans la commune. Alors que les travaux démarraient, la mairie a acquis et démoli une maison en ruine à l'aplomb du site. Dès lors, tout l'espace public a été repensé. Tandis que le café communal proche y gagne une terrasse, le chemin des écoliers devient un agréable parcours depuis l'église.