A Rennes (Ille-et-Vilaine), la livraison en février dernier de l'espace social commun Simone-Iff, du nom de la première présidente du planning familial, a parachevé la mutation du secteur Gayeulles-Le Gast. Cet équipement public regroupe sur 6 000 m² les services sociaux du département et de la Ville, ainsi qu'une halte-garderie et un café citoyen. Comme signal fort du renouvellement urbain, les agences d'architecture Béal & Blanckaert et Bourdet-Rivasseau ont imaginé un bâtiment-village.
« L'enjeu majeur consistait à donner une échelle humaine à cette réalisation, décrit l'architecte Antoine Béal. D'où l'idée de décomposer le programme en quatre maisons pour lui donner un caractère résidentiel. Le tout est unifié par un matériau que nous souhaitions vibrant, la tuile émaillée. » Ses touches de couleur se veulent un clin d'œil aux mosaïques signées Odorico qui parsèment la ville. La présence du bois, le jeu de toitures à double pente et la grande diversité d'ouvertures adoucit encore ce complexe implanté en croix. « Le bâtiment n'a pas vraiment de façade principale mais propose des situations variées en fonction des usages », poursuit-il. Côté ouest, l'entrée publique avec son parvis en creux tutoie la station de métro surmontée d'un parking silo. Jouant à taille égale, les deux édifices en R + 5 établissent un dialogue qui guide le flux des usagers. A l'est, la façade plus technique, celle de l'entrée du personnel, vient rattraper les échelles du lotissement voisin grâce à un épannelage soigné et un jardin.
Structure arborescente. Bordée de deux rues passantes, la parcelle étroite, de forme trapézoïdale, contribue à étirer les quatre ailes du bâtiment. « Des terrasses et des jardins - 11 au total - sont aménagés sur les failles situées entre les différents pignons, remarque Antoine Béal. A l'intérieur, ces espaces interstitiels ouvrent des perspectives et des orientations dégagées sur les variations du paysage urbain. »
Après le hall d'entrée, un vaste atrium toute hauteur crée l'effet de surprise au centre du bâtiment et donne à voir sa composition. Cette « agora » très lumineuse renferme un escalier imposant en bois soutenu par un portique en béton. La structure arborescente déploie de larges coursives en mezzanine utilisées comme des espaces d'accueil et d'attente du public, ensuite dirigé vers l'une des quatre maisons. Les deux premiers niveaux sont accessibles à tous, les troisième et quatrième réservés à l'administration. Le cinquième accueille une ultime maison sur le toit avec sa terrasse et son jardin suspendu : la salle de pause avec vue panoramique sur la ville.
« Coopération ». Par la complexité de sa programmation et la nature des services proposés, cette architecture systémique entend répondre aux besoins des usagers et du personnel des différentes entités, mais aussi s'appuyer sur eux. En témoigne la place accordée à la banque d'accueil au rez-de-chaussée, animée par la présence de trois personnes chargées d'orienter les usagers. Comme le souligne l'architecte Antoine Béal : « Cette notion de coopération, centrale dans le fonctionnement comme dans la conception, s'incarne aussi dans l'association des matériaux, murs à ossature bois, structure béton, murs-rideaux, tuiles en façade, etc. » « Une coconstruction à tous les stades du projet, confirme Anne-Françoise Courteille, vice-présidente du département d'Ille-et-Vilaine, maître d'ouvrage. Les associations du quartier, les usagers, ainsi que l'ensemble des partenaires institutionnels présents au sein de l'espace social commun ont participé au programme et au choix des architectes », imaginant le futur bâtiment comme l'antithèse d'un bâtiment administratif banal. C'est gagné !





Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : conseil départemental d'Ille-et-Vilaine.
Maîtrise d'œuvre : Béal & Blanckaert (mandataires), Bourdet-Rivasseau (associés). BET : Ouest Structure (structure béton), 3C Eco Structures (structure bois), AUAS (fluides, thermique), Yves Hernot (acoustique), Cabinet Lemonnier (économiste), Arbatt (OPC).
Principales entreprises : Planchais (gros œuvre), Scob (charpente), Loire Atlantique Toitures (tuiles et bardages), Billiet (menuiseries extérieures).
Surface : 6 000 m² SP.
Coût : 10,05 M€ HT.