Equipement public : un tiers-lieu, mine de renouveau

Au cœur du bassin houiller bourguignon, cet ancien hôtel-restaurant a muté en une grande maison qui brasse initiatives et usagers.

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A Sanvignes-les-Mines (Saône-et-Loire), la reconversion en tiers-lieu de l'hôtel-bar-restaurant-PMU « Le Liberty » renvoie aux origines de cette catégorie hybride d'équipement issue des travaux du sociologue américain Ray Oldenburg (1932-2022). Celui-ci, à la fin des années 1980, qualifiait les bars et cafés de « Third Places », à savoir des espaces hors des sphères familiale ou professionnelle, où se rencontrent et échangent des personnes de tous horizons, sans lien de subordination. Des endroits neutres, propices à l'émergence de valeurs collectives.

Répondant aujourd'hui aux enjeux majeurs de la société (rompre l'isolement, favoriser les contacts intergénérationnels, diffuser la culture, aider à l'éclosion de projets professionnels, accompagner les demandeurs d'emploi et promouvoir l'économie sociale et solidaire), les tiers-lieux jouent un rôle éminent dans les petites communes, comme ici dans l'ancien bassin minier du Creusot dont l'activité a périclité au tournant du XXIe siècle.

Tiers-lieu
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« En 2020, avec le plan de relance face au Covid-19, tous les clignotants étaient au vert pour concrétiser ce projet », se souvient l'élue Anne Sevin, adjointe à l'urbanisme et au développement du territoire. Le volet écologique du plan France Relance s'est traduit ici, dans le second œuvre, par l'utilisation du bois local (isolation en laine de bois, installation d'une chaufferie bois), le réemploi d'équipements sanitaires et de matériaux. Et au travers du bâtiment lui-même, un centenaire dont les architectes d'Ejo Coopérative (Ajap 2023) et Eric Liégeois ont augmenté considérablement les capacités pour offrir davantage d'usages que ceux prévus au programme, allant même jusqu'à créer un espace public sans perte de surface.

Quart-lieu

Semi-enterré dans la pente, l'édifice abrite un café-restaurant au rez-de-chaussée haut, et un point de vente de produits locaux. Au rez-de-chaussée bas, un atelier de réparation de vélos et une salle réservée aux plus jeunes ont été créés, en plus d'un local de stockage. Le tout rendu possible, sur proposition des architectes, par la démolition d'une excroissance ingrate en béton qui, loin de gâcher de la surface, en a fait gagner en rendant le niveau des caves habitable, grâce à l'arrivée soudaine de lumière naturelle. A l'étage, un espace de coworking et de réunion pour les associations. Et grâce au sol libéré à l'extérieur, un petit parvis a été aménagé, sur lequel ouvrent ces locaux.

Tiers-lieu
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Dans la seconde moitié du XXe siècle, une extension avait été greffée pour le dépôt de pain, sans communication avec l'édifice historique. L'unification s'est opérée par l'extérieur, via une terrasse-coursive commune. A l'intérieur, les liaisons s'effectuent par les ouvertures dans les refends qui laissent apparaître la matérialité brute de la pierre. De manière plus spectaculaire, c'est par le volume en double hauteur que les fonctions entrent en interaction. Au-delà de l'accueil et de la distribution, cet espace cathédrale est conçu pour une multiplicité d'usages : événements, expositions, initiatives d'utilisateurs, extension ponctuelle du bistrot, etc. « Il est devenu le lieu majeur du site, alors qu'il n'a pas d'affectation programmatique précise » souligne l'architecte Fanny Costecalde, d'Ejo Coopérative. Une sorte de quart-lieu en somme.

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