Equipement public : tout se croise au marché de Saint-Cloud

Une halle de marché est un espace couvert, ni chauffé, ni ventilé. C'est un programme assez libérateur où toute l'architecture tient à la structure, constate Charles-Henri Tachon. Cet exercice qui requiert « une exigence de conception et d'économie de matière », l'architecte s'y est adonné avec un plaisir manifeste en réalisant le bâtiment destiné à remplacer l'ancien marché des Avelines, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Depuis que, le 20 avril dernier, ses épaisses portes en chêne en point de Hongrie ont pivoté pour la première fois, l'équipement accueille marchands et clients sous son toit altier. Avec ses alignements de poteaux octogonaux, sa sous-face nervurée par le croisement des poutres, ses panneaux centraux percés de cylindres de verre et ses grands tympans vitrés, la construction rappelle la légèreté de structures nées aux premiers temps des bétons modernes. Tout est réglé avec justesse. Pourtant rien n'est régulier.

Une importante déclivité. « Si la halle dégage une image d'uniformité, elle est en réalité constituée d'éléments tous dissemblables puisque le bâtiment présente différentes pentes de toit », explique Charles-Henri Tachon. En plus de composer avec une importante déclivité du terrain, le nouvel édifice devait reprendre la position du marché d'origine, glissé en partie sous une résidence d'habitat social datant de 1974. Comme une feuille qui se plie, la toiture s'élève ou s'abaisse au besoin. Alors que les poteaux de l'entrée principale du marché, font 5,70 m de haut, le plus court, situé au plus près de l'immeuble de logements, ne mesure que 2,40 m.

Concevoir cette architecture complexe pour offrir davantage de confort aux usagers n'était pas l'unique enjeu inscrit au programme de la mairie de Saint-Cloud, qui avait réfléchi à la transformation de l'équipement depuis 2008 avant de lancer un concours de maîtrise d'œuvre en 2019. Lauréate, l'agence Charles-Henri Tachon devait aussi retravailler l'organisation urbaine du site pour en accroître l'attractivité.

Jusqu'à sa démolition en 2020, l'ancien marché des Avelines était en effet quasi invisible, dissimulé depuis le boulevard de la République derrière la trémie du parking souterrain des habitations. La municipalité demandait la création d'une véritable place publique ouvrant sur l'artère. La construction d'une nouvelle surface commerciale était aussi requise. Le chantier a donc consisté à reporter sur la frange ouest du périmètre la rampe qui dessert, outre les stationnements des logements, les 160 places réparties sur deux niveaux d'un nouveau parking public. Sur ce terrain dégagé, l'agence d'architecture a dessiné un grand parvis rectangulaire. « Cette partie de la ville manquait de structuration. Le nouvel espace public est tenu par ses côtés, par deux bâtiments commerciaux neufs, une brasserie et une boulangerie. Cette disposition classique est totalement assumée », souligne Charles-Henri Tachon. Entre ces deux pavillons, le marché est posé comme un corps central et affirme, selon l'architecte, son rôle d'équipement institutionnel.

Logique urbaine. Dans ce schéma, la halle a été pensée comme l'articulation qui relie la place principale au nord à deux autres plus modestes au sud, l'une destinée à accueillir les marchands forains et l'autre en prolongement du food court du marché. Pour aller au bout de cette logique urbaine, l'équipe de maîtrise d'œuvre a proposé, en cours d'études, d'aménager un accès au jardin public situé environ 1,50 m en contrebas. Une circulation en arc met désormais le marché en contact direct avec ces autres équipements publics que sont le musée des Avelines et le conservatoire municipal.