Ça commence comme un jeu de taquin, où il s'agit de revitaliser le cœur de bourg d'Ambrières-les-Vallées (Mayenne, 2 700 habitants), avec ses maisons, son groupe scolaire et ses rares commerces. Comment ? En en extirpant le centre de tri postal qui y est installé, pour libérer du foncier et accueillir ainsi de nouveaux programmes. Reste à trouver où le transplanter… Ce sera en lisière de bourg, dans la zone d'activités périphérique. « Nous sommes dans le cas de figure où une collectivité finance un équipement pour le louer ensuite à un opérateur privé, en l'occurrence La Poste », observe Tristan Brisard, architecte lauréat d'une consultation en procédure adaptée (Mapa). Une configuration qui a nécessairement influé sur la conception des lieux. « Le bâtiment a été imaginé dans un esprit de réversibilité, comme une grande halle avec des bureaux, afin qu'il puisse un jour accueillir de nouveaux usages, une entreprise, une petite industrie, etc. » ajoute-t-il.


Jeu avec la topographie. Qui dit zone d'activités d'entrée de ville, dit le plus souvent monotonie d'une collection de boîtes métalliques sans âme. « Il s'agit ici d'un entre-deux, en frange d'urbanisation, au contact des champs, sur un territoire rural de bocage. La Mayenne, c'est trois vaches laitières par habitant ! » relève l'architecte. Alors le bâtiment empruntera sa volumétrie au registre du vocabulaire agricole et de ses grands hangars, mais aussi à celui de l'industrie et de ses toitures à sheds, en panachant tout à la fois le métal et le bois. « Un choix technique qui permet d'amenuiser par endroits certaines sections de bois », précise Tristan Brisard. Concrètement ? Tout part d'une dalle béton portée sur un vide sanitaire ventilé (en raison du risque radon). Le jeu avec la topographie de la parcelle permet de ménager un quai de déchargement à 1,20 m de hauteur. Sur cette dalle s'élève une structure bois, avec des éléments métalliques ponctuels (piliers, poutres IPN, connecteurs) de couleur verte, une teinte empruntée à la charte architecturale du secteur, telle qu'élaborée par l'ABF.

Quant au bois, douglas et épicéa, il se retrouve en remplissage, en panneaux et en isolation sous forme laineuse. Tous les réseaux et chemins de câbles restent apparents, au prix d'une grande méticulosité dans leur dessin. « Nous n'utilisons pas de doublage, ni de faux plafonds, dans un esprit d'évolutivité et pour faciliter l'entretien et la maintenance. C'est ce que nous essayons de faire de plus en plus souvent sur nos projets », précise encore Tristan Brisard. Les deux versants sud de la toiture reçoivent, sur toute leur surface, une centrale photovoltaïque destinée à de l'autoconsommation collective pour les bâtiments municipaux. Pour faire bonne mesure côté environnement, les sols extérieurs sont en pavés drainants et des haies ont même été replantées. Ne reste plus, ces jours-ci, qu'à accueillir l'activité de tri postal proprement dite et ses équipements : casiers, rayonnages, tapis roulant et la quinzaine de véhicules électriques qui sillonnent le bocage.
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : commune d'Ambrières-les-Vallées.
Maîtrise d'œuvre : Tristan Brisard (architecte). BET : Chaumont (structures), Volt'air Concept (fluides), MayENR (photovoltaïque).
Principales entreprises : Huault (maçonnerie), Deschamps (charpente), Cruard (couverture). Surface : 690 m² SP.
Livraison : décembre 2023.
Coût des travaux : 1,61 M€ HT (y compris terrassements, VRD et aménagements extérieurs).