Equipement culturel : le bois d'aujourd'hui ennoblit le béton d'hier

Comment faire du neuf avec de l'ancien en préservant, autant que faire se peut, les qualités du bâtiment d'origine ? L'agence parisienne Jakob+MacFarlane a relevé le défi à la bibliothèque Renaud-Barrault, construite au début des années 1980, dans le cadre de l'urbanisation d'Avignon (Vaucluse) hors de ses remparts. Caractérisé par son soubassement en béton cannelé, surmonté de verrières et d'un bardage laqué bleu, l'équipement avait été imaginé par les architectes Béatrice Douine et Jacques Prunis à la manière d'un point de repère en lisière de la rocade sud de la Cité des papes.

Vieillissant, il ne répondait plus aux usages et normes actuels. « Nous voulions créer une centralité culturelle dans ce quartier en renouvellement et proposer une nouvelle image du bâtiment, tout en réorganisant ses espaces et en le dotant de nouveaux équipements. La proposition de l'agence Jakob+MacFarlane est celle qui a le mieux répondu à nos attentes dans la mesure où elle a repensé l'intégration de l'édifice dans le site », témoigne Ali El Ghouze, chef de projet à la Ville.

Arbre de la connaissance. « Nous abordons toujours un édifice dans sa relation avec l'extérieur et réfléchissons à la manière dont il pourra s'étendre et venir chercher son public », confirme Dominique Jakob, architecte. Ainsi, le porte-à-faux de la surtoiture en bois protège du soleil et des intempéries, mais délimite et qualifie également un espace extérieur, au même titre que le parvis végétalisé avec ses bancs. Equipée, en outre, de panneaux photovoltaïques transparents formant puits de lumière, cette couverture supplémentaire, en plus d'améliorer la performance énergétique globale du bâtiment, possède une valeur symbolique. Semblant flotter au-dessus de la médiathèque, elle évoque la canopée de l'arbre de la connaissance dont le tronc se trouve à l'intérieur. Espaces de rangement, les caissons en bois s'enroulent ainsi, depuis le hall d'entrée, autour de l'escalier central qui se déploie, du rez-de-chaussée jusqu'au toit, et se ramifie dans les espaces de lecture aux niveaux supérieurs.

A l'extérieur, les façades, intégralement rénovées, ont été purgées des éléments non structurels « afin de magnifier le volume de béton existant et de souligner sa réutilisation dans le nouveau projet », précise Dominique Jakob. L'isolation thermique mise en œuvre à l'intérieur laisse apparent le béton des murs de refend, jouant du contraste affirmé entre la froideur du matériau et la chaleur du bois.

Nouvelles transparences. Un autre enjeu pour les architectes était de ménager de nouvelles transparences. Elles sont obtenues, notamment, via le décloisonnement des salles de lecture qui permet à l'usager de passer facilement de l'une à l'autre. Les puits de lumière, dont la verrière principale du bâtiment d'origine rénovée, de même que les larges baies et garde-corps vitrés, ainsi que le mobilier surbaissé, conçu par l'agence, laissent le regard filer vers les lointains, et ajoutent à l'impression de fluidité spatiale. Riche d'un fonds de 38 000 documents, dotée d'un auditorium de 96 places et pouvant accueillir jusqu'à 430 utilisateurs, la bibliothèque rouverte fin 2024 après trois ans de chantier, ne désemplit pas…