En 2025, la Ville de Beauvais (Oise) célèbre son patrimoine bâti à travers deux événements majeurs : le 800e anniversaire de la cathédrale Saint-Pierre et la réouverture du Quadrilatère, construit autour de son chevet il y a près de cinquante ans.
Inauguré en 1976, cet édifice en béton conçu par André Hermant (1908-1978) a abrité la Galerie nationale de la tapisserie jusqu'en 2013, date de son rachat par la municipalité. L'établissement affiche depuis une programmation culturelle qui tisse des liens entre art et architecture, histoire et territoire. Le public a découvert le contenu de la nouvelle saison le 5 avril dernier, après deux années de fermeture pour travaux de rénovation intérieure. « Afin d'ouvrir les lieux au plus grand nombre, il a fallu améliorer l'accessibilité du bâtiment, indique Corinne Fourcin, adjointe chargée de la politique culturelle à la Ville. Mais aussi créer un atelier pédagogique pour accueillir les scolaires, ainsi que des espaces de convivialité comme le café, qui communique désormais avec le jardin. » L'agence Chatillon Architectes a été chargée en 2021 de la réhabilitation de l'édifice. Et dès l'entrée, le changement saute aux yeux, sans pour autant heurter le regard. Un escalier à deux volées, couplé à deux rampes et complété par un ascenseur, forment le nouveau trio de desserte des six demi-niveaux que compte l'équipement culturel. La structure courbe, en béton, de cette circulation s'accorde harmonieusement avec le hall d'accueil grâce aux marches réalisées avec la même pierre que celle qui recouvre le sol. Quant à la lisse en bois, elle accompagne le visiteur tout au long de son parcours, d'une salle d'exposition à l'autre, d'un garde-corps à l'autre, tel un fil d'Ariane tendu depuis l'entrée jusqu'à la sortie.

Remise aux normes complexe
« Pour un centre d'art comme le nôtre, qui fonctionne via le prêt d'œuvres, la mise aux normes des installations techniques représentait un détail important », souligne sa directrice Lucie Hofbauer. « Ce sujet était compliqué à traiter ici, car seule la structure définit l'espace, décrit l'architecte Simon Chatillon. Nous ne pouvions pas faire passer des câbles n'importe comment, ni installer des doublages, au risque d'abîmer la lecture du bâtiment d'origine. » Le maître d'œuvre et son équipe ont donc disposé, sous les voûtes blanches des galeries hautes, des panneaux métalliques noirs incurvés. Ceux-ci permettent à la fois d'alimenter en électricité les rails d'éclairages scénographiques, ainsi que les équipements de sécurité, et d'améliorer le confort acoustique. Pour les galeries basses, des faux plafonds en toile tendue blanche remplissent les mêmes fonctions. « Nous avons tout calepiné en respectant la trame de la structure orthonormée, précise Simon Chatillon. Même les grilles de ventilation sont alignées entre deux rails d'éclairage. C'est un travail invisible mais qui, mal fait, pourrait se voir. »
Le respect et la discrétion s'appliquent également dans un endroit jusque-là fermé au public : la crypte archéologique. Située à 3,50 m sous la dalle du jardin, elle comporte des vestiges gallo- romains et carolingiens découverts lors de la construction de l'édifice. « Nous exauçons là le souhait d'André Hermant de rendre accessible cet espace, physiquement et intellectuellement », apprécie Fabrice Reutenauer, directeur du service archéologique municipal. Une passerelle métallique et des tables didactiques guident ainsi les visiteurs sur ce chemin de la connaissance. Et Lucie Hofbauer de conclure : « Cette rénovation a entièrement sorti le Quadrilatère de l'ombre. »





Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Beauvais.
Maîtrise d'œuvre : Chatillon Architectes (architecte mandataire), Studio M (paysage), Igrec Ingénierie (BET TCE), Acoustique Vivié & Associés (acoustique), ACL (conception lumière), Agence Nathalie Crinière (scénographie), Mycélium (muséographie).
Principales entreprises : Valgo (désamiantage, déplombage), EOS Construction (macrolot bâtiment), Merelec Elec Tertiaire Habitat (CFO, CFA, SSI, éclairages scénographiques), Barem (agencements scénographiques).
Surface : 4 100 m² SP.
Coût des travaux : 6,80 M€ HT.