Les travaux battent leur plein dans les profondeurs de la Défense. Sur les 55 km de nouvelles lignes prévues dans le cadre du prolongement de la ligne E du RER (Eole), 8 km sont en souterrain. Surtout, 2,8 km de la future infrastructure doivent se frayer un chemin à travers les fondations du plus grand quartier d'affaires d'Europe. Une opération délicate en milieu ultra-contraint.
Dans cet environnement très dense, envoyer un tunnelier était difficile à envisager à cause des vibrations qu'il occasionnerait. L'architecture du tunnel, qui de mono tube est amenée à devenir bitube à l'approche de la future gare située sous le Cnit, posait également problème. L'opération aurait en effet nécessité l'intervention de deux tunneliers sur une distance totale de seulement…
600 m ! Enfin, travailler avec une machine de cette taille supposait de réserver une importante emprise au sol pour creuser le puits de descente. Faute d'espace disponible, la méthode traditionnelle adonc été préférée, avec des matériels de chantier, certes, classiques (pelles, nacelles, fraiseuses, pompes à béton, etc.) et beaucoup plus lents, mais de dimensions plus modestes et capables d'assurer un travail plus fin.
Un chantier pour trois procédés. Côté pro ces s, trois techniques principales ont été retenues. La première repose sur l'injection de compensation. Pour percer 13 m sous les fondations les plus profondes d'une tour, les équipes commencent par creuser une galerie parallèle qui leur permet d'injecter un coulis de stabilisation entre les assises de l'ouvrage et du tunnel, avant et pendant l'opération. La deuxième méthode s'appuie, quant à elle, sur la reprise en sousœuvre. Utilisée pour passer sous un parking, elle consiste à réaliser un conforte ment grâce à la création de portiques encadrant le tube qui vont alors servir de nouveaux supports à l'existant.
Enfin, pour passer près des fondations de la tour de bureaux Le Triangle de l'Arche -comme l'imposait le tracé qui réussit toutefois à éviter de croiser de trop près la zone d'influence géotechnique des tours comme celles de Total, Areva ou Cœur Défense -, l'approche retenue a été celle du crossover.
Un relevé toutes les deux minutes. « Avant de terrasser les grandes sections principales, nous avons réalisé une voûte de béton de 2 m d'épaisseur dans laquelle ont été creusées sept galeries accolées qui nous ont permis de créer une arche au-dessus du futur tunnel, détaille le directeur du projet pour le groupement de génie civil Eole-La Défense (Vinci Construction et Spie Batignolles), Guillaume Réveillé. Ce n'est qu'après que l'excavation principale a pu commencer. » En surface, une cinquantaine de théodolites automatisés se chargent d'analyser l'oscillation des bâtiments, à raison d'un relevé toutes les deux minutes en moyenne. Dans les parkings souterrains, des niveaux liquides, également automatisés, complètent ce dispositif, pour un total de 200 000 relevés par jour. Travaillant sur rabattement de nappe, les équipes ont également recours à l'interférométrie par le biais de relevés satellite.





