Enveloppe en béton de chanvre pour du logement groupé

Au cœur des Yvelines, dans le village des Loges-en-Josas, un ensemble de dix maisons individuelles en béton de chanvre et ossature bois est en cours de construction. Edifié en lieu et place d’une ancienne ferme, le projet s’intègre à l’environnement patrimonial tout en répondant aux exigences énergétiques actuelles. 

 

 

Situé à l’entrée des Loges-en Josas et dominant la vallée de la Bièvre, le terrain abritait avant l’opération trois corps de ferme implantés en L : une grange du XVIIIe siècle au toit en partie effondré et aux murs en moellons sans fondation, une maison des années cinquante à ossature béton revêtue de meulière et une bâtisse en ruine accolée à un mur d’enceinte. Si les trois bâtiments ont dû être démolis en raison de leur état délabré, les murs pignons de la grange et le mur d’enceinte ont été sauvegardés et rénovés.

Typologie rurale pour usage contemporain

Le maître d’ouvrage SCI Vallée de la Bièvre, qui a racheté le terrain en 2010, souhaitait pour cette opération immobilière (construction de 10 logements dont deux en accession), un projet respectant la typologie du bâti rural ancien tout en étant adapté aux usages contemporains, avec comme objectif énergétique l’obtention du label BBC Effinergie (50 kWhEP/m²/an).

Le maître d’œuvre, l’agence DLA Architectes (Dumont Legrand Architectes), a choisi de conserver l’échelle de la ferme pour les nouveaux bâtiments, dont l’emprise et les gabarits sont quasi identiques aux précédents. Autour de l’ancienne cour, six logements ont été implantés à la place de la grange, quatre à la place de la maison des années 50. Un préau couvert accueillant des places de parking a été construit à l’endroit de l’ancienne ruine, le long du mur d’enceinte.

Le front bâti reprend la typologie des corps de ferme, avec façades planes, toitures à deux pans et percements aléatoires. Les dix logements, de tailles différentes, sont traversants et bénéficient d’une luminosité privilégiée. Et même si les séjours sont orientés au nord (pour le bâtiment faisant face à la vallée de la Bièvre), des ouvertures vitrées double hauteur et des effets de vide ont été créés au sud pour optimiser l’apport solaire.

Murs et toitures en béton chaux/chanvre

Le procédé constructif et le choix des matériaux ont été dictés par cette volonté commune des intervenants de respecter l’écriture rurale ancienne. Le BET LM Ingénieur a étudié et validé un système de façades constituées d’une ossature bois contreventée côté intérieur par des panneaux Fermacell et remplies par du béton de chaux/chanvre (Tradical) de 28 cm d’épaisseur. L’ensemble est complété par des enduits de chaux traditionnels côtés extérieur et intérieur. Le béton de chanvre apporte cohérence et inertie à la construction. La cohésion mécanique très forte du matériau neutralise les ponts thermiques. Afin de ménager une continuité d’isolation, la toiture a également été réalisée sur le même principe, avec un remplissage en béton de chanvre de 30 cm d’épaisseur mis en œuvre sur un coffrage perdu en Fermacell et recouvert d’une membrane pare-pluie/pare-vent. Si le chanvre et la chaux sont identiques sur murs ou toiture, les dosages varient pour afficher des R adaptés aux ouvrages.

Panneaux préfabriqués, béton projeté sur site

Les parois verticales ont été mises en œuvre avec des modules semi-finis préfabriqués en atelier (ossature bois et panneaux intérieurs Fermacell). Mesurant 5 à 7 m de longueur et 2,70 m de hauteur, adaptés aux configurations et dimensions différentes des deux bâtiments, ils ont été assemblés sur chantier pour recevoir ensuite le béton de chanvre dosé à 330 kg/m3. Celui-ci a été appliqué par projection mécanique. Lors de la projection, deux machines fonctionnent, l’une contenant la chaux formulée (préparée avec adjuvants et liants), l’autre contenant le chanvre. Le mélange s’effectue en bout de lance. Quatre applicateurs travaillant de concert ont pu mettre en œuvre environ 60 m² de béton par jour.

Les menuiseries et éléments de décor seront traités en chêne, tandis que des volets en châtaigner, équiperont l’ensemble des baies des pièces principales. Quant aux équipements, voulus simples pour répondre à la sobriété du lieu, ils consistent, pour chacune des maisons (80 à 155 m²), en un chauffage par plancher chauffant au RDC et radiateurs à l’étage, alimentés par une chaudière à condensation, un poêle à granulés en appoint au RDC, de l'eau chaude instantanée à micro-accumulation et une VMC simple flux.

Le chantier débuté en juillet 2013 devrait s’achever en janvier 2015.

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