Enveloppe : à Arles, la paille de riz assure en ITE

Pour la transformation d'une ancienne clinique en logements, l'isolation par l'extérieur a été réalisée avec des déchets agricoles issus des rizières voisines.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
La mise en oeuvre de la paille en ITE nécessite quatre semaines pour 1 000 m² de façade.

Moins de 20 km : c'est la distance qui sépare l'ancienne clinique Paoli, à Arles (Bouches-du-Rhône), des rizières d'où proviennent les bottes de paille qui ont été entreposées sur le chantier pendant quatre semaines. La transformation de ce bâtiment des années 1960 en résidence de 39 logements a été l'occasion de tester l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) en paille sur plus de 1 000 m2 de façades, une échelle inédite à ce jour. Porté par la mécène Maja Hoffmann, déjà à l'initiative de la tour Luma voisine, le projet privilégie les savoir-faire et matériaux locaux.

« La paille de riz est un déchet agricole qu'il est désormais interdit de brûler, et pour lequel il existe peu de filières de valorisation. Or ses qualités naturelles en font un très bon isolant : avec des bottes de 36 cm de largeur, comme celles que nous mettons en œuvre ici, la résistance thermique atteint 7,5 m² K/W, ce qui, combiné à la structure béton d'origine, confère une excellente inertie au bâtiment », détaille Cédric Hamelin, cofondateur du bureau d'études Nebraska, en charge du volet ITE.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 5737_311037_k4_k1_749189.jpg PHOTO - 5737_311037_k4_k1_749189.jpg

Système antidéversement. Sur le chantier Paoli, les bottes de paille sont posées sur chant au cœur d'une ossature bois ancrée sur la façade. Avant la pose, les équipes de Paipite - la Scop en charge de la mise en œuvre - effectuent des tests afin de s'assurer que le taux d'humidité n'excède pas 20 %. Le calepinage se fait au fur et à mesure de l'avancée du chantier, en fonction des dimensions des bottes, et en adaptant leur longueur si nécessaire. Pour éviter tout risque de déversement, des feuillards ceinturent les bottes et assurent qu'elles sont bien plaquées contre le mur.

Ici, une finition enduite a été choisie. Au préalable, les équipes de Paipite procèdent à un surfaçage de la paille pour s'assurer de sa bonne planéité. Des supports complémentaires sont installés sur les chants de l'ossature bois, sur lesquels l'enduit adhère mal.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 5737_311037_k5_k1_749190.jpg PHOTO - 5737_311037_k5_k1_749190.jpg

 

L'ITE des balcons a été complétée avec des panneaux de paille pressés et cousus à froid, récemment mis au point par la société Copano. Epais de 11,8 cm, ils offrent une résistance thermique moins importante (R = 2,75 m² K/W) mais jugée suffisante sur cette partie de l'ouvrage exposée sud. « Nous limitons les épaisseurs pour optimiser la profondeur des balcons et éviter d'impacter les usages », relève Jérôme Espitalier pour l'agence BC Architects.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 5737_311037_k6_k1_749191.jpg PHOTO - 5737_311037_k6_k1_749191.jpg

Chantier démonstrateur. Les enduits à base de chaux vive éteinte in situ et de terre cuite pilée sont tout aussi innovants, quoique directement inspirés d'une technique mise au point sous l'empire romain, et utilisée dans la région il y a encore deux siècles. En cas de microfissures, le contact de l'eau avec ces composants crée une réaction chimique qui permet à l'enduit de se réparer seul, en moins de trente jours -un phénomène récemment expliqué par des équipes du MIT.

L'utilisation de cette méthode restant expérimentale, le dessin de la façade a été adapté pour faciliter sa mise en œuvre, avec des bandes de recoupement au droit des appuis de fenêtres qui permettront de réaliser les enduits niveau par niveau.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 5737_311037_k7_k1_749195.jpg PHOTO - 5737_311037_k7_k1_749195.jpg

Les études de conception menées par les bureaux spécialisés Nebraska (paille) et La Pierre au Carré (enduits) ont en tout cas convaincu le bureau de contrôle Socotec de délivrer un avis de chantier favorable. Bénéficiant par ailleurs de garanties décennales, Nebraska et Paipite espèrent que ce projet démonstrateur permettra de lever les freins assurantiels à l'utilisation de la paille en isolation par l'extérieur. « L'objectif est bien d'appuyer les futures règles professionnelles sur l'ITE en paille qui sont en cours de rédaction, souligne Cédric Hamelin. Il s'agit aussi d'inspirer d'autres donneurs d'ordres. »

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !