Entrées de ville : les nouveaux horizons d’une compétition relancée

Lauréates du concours des entrées de ville et des franges urbaines à travers le prix et la mention spéciale, Sarralbe et Rennes ont joué les premiers rôles, au colloque qui a accompagné la remise de leur trophée, le 15 février au Sénat. Le contraste des échelles entre le chef-lieu de canton mosellan et la métropole bretonne résume l‘ambition fédératrice des deux associations qui relancent cette compétition nationale, avec le soutien des ministères de la Culture et de l’Environnement.

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© Martin Malvy (au centre) a remis le prix des entrées de ville à Pierre-Jean Didiot, maire de Sarralbe (à sa droite) et la mention spéciale à Ana Sohier, conseillère municipale déléguée au patrimoine de Rennes (à sa gauche)

« Participez ! Suscitez des candidatures ! ». Président de l’association Patrimoine Environnement, co-organisatrice du concours des entrées de ville, Alain de la Bretesche a exhorté en ces termes les participants au colloque qui a accompagné la relance de la compétition, le 15 février au Sénat. Enrichi aux « franges urbaines », qui en élargissent le périmètre, l’événement, annuel de 1995 à 2013, obéit désormais à un rythme biennal, pour répondre à un défi politique ingrat : « Les entrées de ville manquent de poids électoral. Elles ne figurent jamais parmi les urgences, au moment de voter les budgets et de hiérarchiser les projets », constate Martin Malvy, président Sites & Cités remarquables de France, l’autre association organisatrice.

Les dégâts du communalisme

Animateur du colloque, Denis Grandjean, expert auprès de Sites & Cités remarquables de France, a mis les points sur les i, pour formaliser le diagnostic : « Les causes de la médiocrité tiennent largement à notre système communal. Pendant que les grandes villes multiplient les efforts lourds, les communes périphériques tirent parti de terrains à bon marché qui attirent les grandes surfaces commerciales, pour récolter des taxes au détriment des centres d’agglomération », stigmatise l’ancien adjoint à l’urbanisme de la ville de Nancy. Les plans locaux d’urbanisme intercommunal, obligatoires depuis l’an dernier, offrent enfin un cadre juridique à la hauteur de l’enjeu. Reste à enclencher la dynamique des projets.

Intégrer la technique

Comment rebondir sur les contraintes techniques ? Les débats ont mis en exergue plusieurs exemples probants, en plus des réalisations présentées par Sarralbe et Rennes. Lauréat du grand prix national du paysage en 2016, Bertrand Folléa a montré comment un « monstre » de deux fois trois voies a rendu possible la porosité entre le littoral et la ravine classée qui domine la ville de Saint-Paul de La Réunion. La promenade qui passe sous l’autoroute longe une zone humide créée par le concepteur à la place d’un terrain vague, pour contenir les risques d’inondation et accueillir un écosystème.

Tenir la distance

L’intégration des contraintes techniques dans le projet fait également partie du credo de Bertrand Mathieu : l’architecte conseil de l’Etat s’est appuyé sur l’exemple de la rénovation du parc d’activités du Bois de la Chocque, à Saint-Quentin (Aisne) pour montrer la mutabilité d’une ancienne zone industrielle, germe de quartiers futurs et multifonctionnels, dans d’autres terrains délaissés environnants. « Les outils existent. Ce qui manque le plus, ce sont des élus porteurs de projets à long terme », conclut Bertrand Mathieu.

Interpellée sur une zone industrielle en phase de mutation commerciale spontanée le long de la route de Lorient, Ana Sohier, conseillère municipale de Rennes déléguée au patrimoine, n’a pas caché les difficultés : « La métropole gère les nouvelles zones qui rapportent, et laisse les anciennes aux communes, avec les nids de poule dans la voirie… On ne sait pas comment gérer leur requalification ». Entre les risques technologiques, les risques d’inondation et la surveillance rapprochée des Bâtiments de France, Pierre-Jean Didiot, maire de Sarralbe, n’a pas non plus dévoilé de solution miracle pour redensifier le centre bourg, après avoir magnifié l’entrée en ville, à la confluence de la Sarre et de l’Albe.

Breda : l’écoquartier sans norme

Pour stimuler l’imagination des élus locaux, architectes, paysagistes, urbanistes et techniciens territoriaux français, les pistes suggérées par la ville néerlandaise de Breda ont marqué les esprits : le nouveau pôle multimodal, centré sur la gare ferroviaire, offre 10 000 places pour les vélos, et 700 pour les voitures. L’anticipation du changement climatique et des poussées démographiques passera par des quartiers flottant sur les polders, avec une capacité de stockage de 100 000 m3 d’eau. Mais la démonstration de Hans Thoolen, coordinateur général de la qualité urbaine, a trouvé son illustration majeure dans « le quartier le plus écologique et le plus innovant » de la ville, issu d’une ancienne friche. « Sans norme ni plan, nous n’avons fixé que deux règles pour autoriser les projets : la sécurité des enfants et l’accord des voisins ».

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