Le chantier de ce qui deviendra, début 2024, le plus grand ensemble tertiaire public certifié Passivhaus de France bat son plein au sud de Lille (Nord). Cinq grues sont en action pour construire en seulement vingt-quatre mois 38 400 m² SP répartis en cinq bâtiments sur une parcelle d'environ 1,5 ha. « L'équipement est très ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2, tant au niveau de la construction que de l'exploitation », se félicite José Liotet, président de Bouygues Bâtiment Nord-Est (BBNE), mandataire du groupement.

Pour réduire l'empreinte carbone et accélérer la cadence, BBNE mise sur son nouvel ami : le bois. « Utilisé sur les derniers niveaux allant du R + 5 au R + 8, ainsi que pour la rue intérieure, il permet d'aller plus vite. Les éléments sont livrés préfabriqués, posés par les grues, puis rapidement montés par nos équipes », se félicite Raphaël Vasseur, responsable du chantier pour la filiale régionale de Bouygues Construction. Au total, les bâtiments compteront 18 kg de matériaux biosourcés/m², soit presque 700 t au total, dont une majorité de bois. Sont par exemple installés 1 100 m² de murs à ossature bois, 2 600 m² de plancher CLT ou encore 46 m³ de poteaux en bois massif.

37 tonnes d'isolants à base de végétaux. Le constructeur a également commandé deux isolants intérieurs pariant sur le végétal : 29 t de panneaux en laine de bois, associés à du polystyrène, et 4 t de panneaux à base de chanvre et de lin. « Nous avons aussi utilisé 4,3 t de blocs de chanvre pour réaliser certaines cloisons, notamment en vue d'apprendre à utiliser ce matériau avec un simple enduit », explique Raphaël Vasseur. Même la peinture fait la part belle à l'organique puisque les 16 t nécessaires ont été élaborées à base d'algues. « Ce produit est fabriqué à quelques dizaines de kilomètres du chantier, ne coûte pas plus cher et n'émet pas de composés organiques volatils (COV) », reprend le responsable du chantier. L'ensemble comprend aussi 30 % de béton bas carbone, soit environ 7 400 m³. « Il émettra presque 45 % de CO2 en moins qu'une formulation standard », calcule-t-il.
Pour réduire les consommations d'énergie en phase exploitation, l'entreprise a misé sur de fortes épaisseurs d'isolant en façade (24 cm) et en toiture-terrasse (26 cm). Toutes les surfaces vitrées sont par ailleurs en triple vitrage et équipées de brise-soleil dont 80 % sont à pilotage automatique. Ainsi, les besoins en chauffage ne devraient pas dépasser les 21,7 kWhep/m². an.

2 700 m² de panneaux photovoltaïques en toiture. Pour le rafraîchissement, un système adiabatique utilisant de l'eau de pluie filtrée et stockée en sous-sol diminuera la température de quelques degrés en période estivale. Par ailleurs, 2 700 m² de panneaux photovoltaïques en toiture fourniront environ 30 % de l'énergie nécessaire aux occupants. BBNE, lauréat du marché global de performance, mise aussi sur la maquette numérique pour optimiser la gestion et la maintenance pendant les cinq ans du contrat d'exploitation. La cité administrative, qui s'étend sur 400 m de long, accueillera 2 000 agents qui pourront profiter d'un restaurant, de cafétérias, d'une crèche et de 480 places de parking en sous-sol.
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : préfecture du Nord.
Maîtrise d'œuvre : Valode & Pistre et Coldefy (architectes), VP Design (architecture d'intérieur), Bérim (BET électricité, SSI et VRD), Setec Bâtiment (BET structure, CVC plomberie/sanitaire), Elan (space planning), Inddigo (HQE, performance énergétique), Métroergo (ergonomie), SIM Engineering (acoustique), SLA (paysagiste), 8'18'' (conception lumière).
Entreprises : Bouygues Bâtiment Nord-Est (mandataire), Bouygues Energies & Services (exploitation-maintenance).
Coût des travaux : 99,5 millions d'euros HT.