Sur les 90 000 tonnes de déchets du BTP inertes (terres, mâchefers, enrobés, déchets du bâtiment, ferroviaires, industriels, etc.) réceptionnés en 2020, 40 000 tonnes ont pu être valorisées en sable et graviers et utilisés sur des chantiers d’Eurovia.
Depuis deux ans, le site d’Ambarès - seule plate-forme labellisée Granulat+ de Gironde (12 en Nouvelle-Aquitaine) - développe cette démarche de valorisation.
Les matériaux non recyclés sont utilisés pour les comblements de carrière. En France, ce sont 8 millions de tonnes de granulats qu’Eurovia recycle ; la filiale du groupe Vinci prévoit de doubler ce résultat à l’horizon 2030. « Nous travaillons sur de nouveaux process pour avoir des matériaux avec la même qualité que les matériaux naturels », détaille Nicolas Fiard, responsable Gironde pour la partie carrières et logistique Nouvelle-Aquitaine.
Eurovia travaille notamment sur des solutions pour récupérer les matières minérales des déchets du second œuvre et à Ambarès, 1 million d’euros vont être investis pour revaloriser les terres de remblais, ainsi que les déblais de terrassement.
Les terres de remblais représentent deux tiers des déchets inertes reçus sur le site. « Nous voulons faire monter le niveau de qualité des produits recyclés via une meilleure traçabilité et une amélioration des techniques de tri et de production », précise Benoît Weibel, responsable de la marque Granulat+ France.
En Nouvelle-Aquitaine, sur les 13 millions de tonnes de déchets du BTP, 9 millions de tonnes sont tracées et 2,8 millions de tonnes sont recyclées et commercialisés. En 2017, la Cellule économique régionale de la construction, évaluait le volume de déchets inertes produits à près de 11 millions de tonnes en Nouvelle-Aquitaine et un potentiel de valorisation estimé à 6,2 millions de tonnes. La notion de reconstruction de la ville sur la ville génère de nouvelles ressources.
Sur les 90 000 tonnes de déchets inertes réceptionnés en 2020, 40 000 tonnes ont pu être valorisées en sable et graviers. © Orianne Dupont
Besoin du bâtiment pour anoblir les matériaux recyclés
Si la politique d’entreprise et les solutions techniques sont lancées, la promotion de ces matériaux sur les chantiers reste difficile.
« Depuis 2015, la loi sur la transition énergétique [l’article 79 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), NDLR], renforcée par la loi économie circulaire, promulguée le 10 février 2020, incite à utiliser des matériaux recyclés, mais ce n’est pas toujours le cas », regrette Benoît Weibel.
Eurovia avait d’ailleurs décidé de vendre les matériaux recyclés moins chers que les matériaux naturels, « pour donner envie », précise-t-il. Une stratégie dont il tire un bilan mitigé : « recycler coûte plus cher que d’extraire des matériaux naturels et cela nécessite plus d’emplois ; et dans l’esprit des utilisateurs cela induit peut-être une qualité moindre… »
L’objectif d’Eurovia est d’atteindre le même niveau de prix grâce à une amélioration de la qualité. L’entreprise compte sur la loi pour faire évoluer les choses et un changement de culture des maîtres d’ouvrage. « Les matériaux revalorisés sont surtout utilisés dans les enrobés, mais peu dans le béton des bâtiments », déplore-t-on chez Eurovia. Cet usage anoblirait pourtant la notion de produits recyclés. Les recommandations de 2019 du projet national Recybéton, en faveur du béton recyclé, pourraient encourager cette économie circulaire.
