Le pin maritime est-il adapté à une France à +4°C ?
C’est une espèce déjà très adaptée au réchauffement climatique. Il n’y a pas eu de mortalité liée à la sécheresse en 2022 alors que des centaines d’hectares de chênes, frênes ou d’érables ont dépéri à l’est de la région. On peut cependant encore améliorer la résilience de la forêt landaise avec des variétés plus résistantes originaires du Portugal ou d’Espagne, qui garderont une meilleure teneur en eau en périodes sèches et seront moins vulnérables au feu.
Par ailleurs, le pin offre peu de prise aux flammes avec ses branches hautes. Mais si l’incendie n’est pas enrayé au début, rien ne peut l’arrêter sauf la pluie ou l’épuisement du combustible. En forêt, on n’éteint pas le feu. On ne fait que protéger les populations et les habitations.
Est-ce qu’on n’a pas quand même tiré des leçons des incendies de l’année dernière ?
40 000 hectares partis en fumée, on n’avait pas vu ça depuis 1949. Il y a des questions autour de la gestion. Il faut ménager des pare-feu, mieux entretenir les chemins d’accès, nettoyer le sous-bois pour laisser le moins de biomasse combustible au sol, comme cela se fait beaucoup plus systématiquement dans le sud-est. Ce débroussaillage-broyage n’est pas idéal pour la biodiversité, mais n’oublions pas que ce sont des forêts de production, pas des espaces protégés.
La diversification avec d’autres essences est-elle une voie d’adaptation ?
C’est une des pistes de la reconstitution d’une forêt résiliente au domaine départemental d’Hostens [un projet 100 % public avec l’Inrae, NDLR]. Mais il s’agit là d’une forêt de protection des milieux, pas d’une grande culture sylvicole. Nos expérimentations, à Cestas, pour introduire un peu de diversité dans la monoculture du pin, depuis 2008, montrent un effet très sensible sur la résilience aux ravageurs. Mais pas sur la lutte contre les incendies. Du côté de Landiras, ça a brûlé tout aussi fort malgré la présence de chênes. Les branches basses ont attrapé les flammes. L’effet ralentisseur ne semble pas probant.
En revanche, la présence de feuillus serait vertueuse pour la biodiversité. Ne serait-ce qu’en bordure de parcelles ou le long des ruisseaux... Si on veut adapter la forêt dans une optique de biodiversité, il faut que les propriétaires et les exploitants aient des incitations financières pour garder voire planter des espèces qu’ils n’exploitent pas, en paiement de l’effort pour la préservation du milieu. Ce serait une solution intelligente pour la gestion du massif. Celui-ci doit rester un gisement d’exploitation. Car si le bois n’est pas produit localement, on importera des essences tropicales en contribuant à la déforestation ailleurs dans le monde.