Des filtres naturels en révision décennale

Rare exemple de baignade artificielle sans chlore, Beaune Côté plage fête son 10e anniversaire par une rénovation lourde.

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L'eau déborde des bassins pour accéder à la zone de filtration, avant une réinjection par le fond à raison de 500 m3 par heure.

Cet été, il faudra se faire une raison : les quatre bassins de Beaune Côté plage, à Montagny-lès-Beaune (Côte-d'Or), resteront fermés. Dix ans après son ouverture, la baignade - qui utilise un système de filtration naturelle de l'eau, sans chlore ni produits chimiques - avait besoin de quelques travaux. Depuis 2014, elle a tenu son calendrier, a raison de trois mois d'ouverture par an. « En juillet et en août, nous sommes ouverts sept jours sur sept, y compris le 14 juillet et le 15 août », précise Pierre-Clément Goncalves, responsable du service milieux naturels à la communauté d'agglomération Beaune Côte et Sud.

Les bassins, qui semblent prolonger le lac, ont été vidés dès le mois de mai. Et cela se voit à l'œil nu : le liner (le revêtement imperméable qui assure, sur 3 000 m2 , l'étanchéité) est sérieusement endommagé.

« Nous avons essayé de mettre des rustines mais les fuites se multiplient », constate Pierre-Clément Goncalves. Il y a un an, le diagnostic complet commandé par la communauté d'agglomération a révélé d'autres défauts susceptibles de nuire à la qualité de l'eau.

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Un décret structurant. « En 2014, il n'existait pas de réglementation régissant la conception et l'exploitation des baignades biologiques comme celle-ci », rappelle Grégoire Jost, gérant de Sinbio Scop, maître d'œuvre de la réhabilitation aux côtés du cabinet Merlin. Le décret n° 2019-299 du 10 avril 2019 relatif à la sécurité sanitaire des baignades artificielles a mis fin à ce vide juridique, avec une conséquence sans appel : pour garder la fréquentation maximale journalière (FMJ) à 1 000 personnes, « il faut reconfigurer la filtration naturelle assurée par des filtres à graviers et jardins aquatiques, associés à des plantes comme les nénuphars, la renoncule, le potamot ou les phragmites ».

Sinbio Scop va conserver la structure en béton armé existante - deux bandes de 710 m2 chacune. Mais ce spécialiste du traitement de l'eau abandonne les filtres ascendants. « Ils ont en effet tendance à se colmater sans qu'on puisse le voir, contrairement aux filtres descendants », décrit Grégoire Jost. L'enjeu : restaurer le débit de traitement de l'eau - qui, de 500 m3 par heure à l'origine, avait chuté à 300 m3 par heure - pour qu'il soit adapté à une FMJ de 1 000 baigneurs. Sinbio Scop va également amener sa technologie propre - des granulats dont la composition physico-chimique garantit une lutte efficace contre le développement des algues et des germes pathogènes, notamment les staphylocoques ou les entérocoques.

Des pentes adoucies. En complément de la mise aux normes, six douches supplémentaires équiperont les sanitaires. « La douche est obligatoire avant chaque entrée dans le bassin si on ne veut pas mettre à mal la filtration naturelle », souligne Pierre-Clément Goncalves. « Nous en profitons également pour mettre les bassins en conformité avec le Code du sport », ajoute Grégoire Jost. Pour cela, des travaux de terrassement sont nécessaires, notamment pour réduire la pente des accès à l'eau (supérieure, en certains endroits, à 10 %). Ici pas de béton : « Nous poserons la géomembrane sur un matériau naturel compacté. Il faudra installer des pompes le temps des travaux à cet endroit car la nappe phréatique affleure », détaille Thierry Villet, responsable d'agence du cabinet Merlin.

Guintoli (groupe NGE) a commencé en juin le démontage du liner et la purge des bassins de filtration. Le deuxième marché doit être notifié dans le courant de l'été. Il portera sur la mise en œuvre de la géomembrane et la réalisation du nouveau système de filtration biologique. A partir du printemps, l'anticipation de la prochaine saison permettra au biofilm de se reconstituer et à l'eau de trouver le bon équilibre physico-chimique avant l'ouverture au public.

Ainsi, l'été prochain, moyennant 2 M€ d'investissement, le site rouvrira ses portes. Il accueille, selon les années, entre 30 000 et 40 000 baigneurs, qui peuvent profiter d'un grand toboggan, d'une liane pour se jeter à l'eau ou encore d'un mur d'escalade.

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