En balade à Balard…

Un an avant sa livraison annoncée, le nouveau ministère de la Défense à Balard (Paris XVe) a entr’ouvert ses portes à un quarteron de journalistes…

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Le chantier du ministère de la Défense à Balard

Visiter un chantier de la « grande muette » c’est (se) poser beaucoup de questions et n’obtenir que de vagues réponses, secret-défense oblige… Dûment accrédité, casqué, gileté d’orange fluo, badgé, portable coupé avec interdiction de téléphoner, de prendre des photos et de filmer – sous peine d’expulsion du chantier -, nous voici cornaqués pour une visite soigneusement balisée, en présence des architectes Nicolas Michelin et Cyril Trétout. Autant dire embedded pour un Balard Tour, dans ce vaste complexe cuirassé, bordé par le boulevard périphérique, plus précisément au cœur de l’opération, sur la parcelle Valin, qui accueillera le bureau du ministre, les états-majors des trois armées (Terre, Air, Mer), la DGA et une armada de directions et autres secrétariats.

Camouflage

Avec 1300 compagnons sur le chantier, aux plus riches heures de sa construction, le gros œuvre est aujourd’hui achevé. L’ensemble se veut « régalien, monumental mais furtif » aux dires de Nicolas Michelin. Deux heures de visite in situ ne nous permettront de voir, au bout du compte, que de banals plateaux de bureaux (qui seront bientôt cloisonnés), des façades sur rues avec leurs élégants patchworks de verre coloré et/ou sérigraphié qui – incurable manie du camouflage? – brouillent la lecture des percements, des patios boueux où les arbres viendront bientôt (depuis les Pays-Bas) s’ébrouer dans la pleine terre, sans oublier les impressionnantes installations techniques en toit-terrasse (panneaux solaires, centrales de traitement d’air, etc.) toutes dissimulées par une sur-toiture sombre facettée comme un bombardier furtif.

Bouton rouge

La paranoïa militaire pointe dès que les questions se font plus précises sur la nature des bétons, leur épaisseur, leur formulation, leur armement (c’est bien le cas de le dire). Inutile de préciser qu’on n’ira pas faire joujou avec le bouton rouge dans le Saint des Saints, le Centre opérationnel des forces nucléaires (COFN), verrouillé, invisible et inaccessible. Alors : architecte de l’armée, architecte comblé ? « Balard ne me prend que 10% de mon temps » tient à faire valoir Nicolas Michelin qui n’entend pas être trop rapidement étiqueté comme l’« architecte officiel » de la grande muette ; et de préciser qu’il continue de réaliser des programmes plus ordinaires, même s’il éprouve du mal à être retenu aujourd’hui sur les concours de maîtrise d’œuvre, les uns et les autres estimant - à tort ou à raison - qu’il a été largement servi en décrochant ici le Jackpot du siècle…

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