On aura beau dire, minceur et sveltesse sont rarement les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque le matériau béton. Lourdeur, grisaille et massivité ont en effet longtemps collé aux banches des chantiers à une époque – pas si lointaine – où économie de la ressource et développement durable ne figuraient pas au premier rang des injonctions faites aux architectes et aux industriels.
Mais, force est de le constater, une tendance (ré)apparaît aujourd’hui qui privilégie l’optimisation structurelle au plus près du cheminement des efforts. En témoignent ces réalisations tendineuses aux allures d’écorché d’un Rudy Ricciotti à Aix-en-Provence et à Paris, ou ce bâtiment à peine enveloppé d’une coque de Ductal que signent Emmanuel Combarel et Dominique Marrec dans le Val-de-Marne.
Alléger le poids des ouvrages. Bref, la minceur se vend bien et l’équation est gagnante : alléger le poids des ouvrages, raboter le superflu d’un plancher ou amincir la silhouette d’un voile un peu trop enrobé, c’est aussi économiser sur les fondations, préserver la ressource en granulats et récupérer au final de précieux mètres carrés de surface. Et si le cubage de béton commercialisé en diminue d’autant, les performances du produit sont, quant à elles, à la hausse. Grâce en soit ici rendue aux fibres, adjuvants et autres nano-composants à venir sans lesquelles aucun nouveau béton digne de ce nom ne saurait voir le jour. Peut-être faut-il voir dans cette quête une volonté de renouer avec les prouesses constructives des voûtes et coques minces que l’imagerie d’un âge d’or du béton armé nous a léguées ?
« Moins, c’est plus » prophétisait déjà l’architecte Mies van der Rohe (1886-1969), grand maître du mouvement moderne. Il est temps de s’en souvenir.


