Ecluses : un géant alsacien entre deux eaux

Le plus grand ouvrage d'art fluvial français a entamé une réhabilitation lourde pour retrouver une étanchéité parfaite.

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A Gambsheim, au nord de Strasbourg, la plus grande écluse fluviale de France retrouve une seconde jeunesse grâce à des travaux menés en deux phases.

C'est un gigantesque bloc d'acier qui s'élève dans les airs, avant de pivoter lentement pour se poser sur la remorque d'un camion. L'impressionnante opération de levage est venue clôturer, fin mars, la dépose de la porte aval de l'écluse ouest de Gambsheim (Bas-Rhin), composée de six éléments préalablement déboulonnés et d'un poids total de 270 t. Depuis son démarrage en 2022, le chantier de modernisation des écluses de Gambsheim, au nord de Strasbourg, collectionne ce type d'interventions inédites, à la mesure de ce qui constitue les plus grandes écluses intérieures de France. L'ouvrage présente la particularité de compter deux sas de navigation indépendants, longs de 270 m et larges de 24 m, ce qui permet de phaser les travaux, un sas après l'autre, pour maintenir l'ouvrage en service.

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Régénération des portes et de la mécanique. La réhabilitation, qui s'échelonnera sur quatre ans, a d'abord porté sur le sas ouest. Première étape spectaculaire : la porte amont a été enlevée, en une seule fois, en fin d'année dernière. Deux grues étaient à la manœuvre pour la lever, puis deux autres pour faire basculer le bloc de 80 t à l'horizontale. Les différents modules déposés depuis sont désormais en cours de désamiantage sous des tentes dépressurisées installées sur le site de l'écluse. « Ces travaux offriront cinquante ans de vie supplémentaire à l'ouvrage », explique Vincent Speisser, responsable adjoint de la direction de l'ingénierie et la maîtrise d'ouvrage de l'unité opérationnelle de Strasbourg chez VNF.

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Le choix de réhabiliter les portes au lieu de les remplacer a été dicté par la conjoncture économique. « Quand la décision a été prise, le coût de l'acier flambait déjà et le désamiantage s'avérait incontournable, reprend Vincent Speisser. Nous avons donc préféré les conserver. » Toutes les installations mécaniques afférentes seront modernisées, réparées ou remplacées.

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Mais la cure de jouvence de l'écluse appelle aussi des travaux d'autre nature. « Le problème de fond réside dans la restauration de l'étanchéité », souligne Thibault Piloix, chargé de mission chez VNF. Un objectif particulièrement vital pour l'équipement, d'autant que le système de drainage prévu lors de la conception n'a jamais fonctionné correctement. Résultat, en fonction du niveau de remplissage des sas, d'une capacité de 70 000 m3 , et de la pression exercée, l'eau s'infiltre et déstabilise le remblai, donc l'ensemble de l'écluse.

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Une technique pour chaque fuite. Avant d'entamer les travaux d'étanchéité, il a d'abord fallu intégralement vider le sas ouest. Ceci fait, l'entreprise Etandex s'attelle à colmater les brèches des galeries situées sous l'écluse grâce à des injections de résine hydro-gonflante. Enfin, pour juguler l'eau jaillissant entre les parois du sas, posées en une douzaine de blocs, des bandes polymères sont vissées sur toute la hauteur, le long des fissures, après engravure du béton à la scie circulaire pour permettre la pose de nouveaux joints. Une fois achevées les opérations côté ouest, elles démarreront dans le sas est, chaque phase s'étendant sur dix-huit mois. Et ce, tout en maintenant le service obligatoire prévu par la Convention révisée de Mannheim (1868) pour la navigation du Rhin.

Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : VNF.

Maîtrise d'œuvre : EDF.

Entreprises : Endel ( lot 1) ; Demathieu Bard et Etandex (lot 2).

Budget du projet : 38 M€ TTC.

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