A partir de ce corpus de normes relativement complexe, plusieurs solutions sont possibles. Elles dépendent des priorités (énergie, image, ambiance, fonctionnalité et confort, démarche HQE, etc.), des budgets du maître d’ouvrage et du lien qu’entretiendra l’architecte avec les spécialistes de l’éclairage artificiel.
Associés très tôt dans la conception du projet d’architecture, les éclairagistes, concepteurs lumière ou bureaux d’études spécialisés permettent de gérer et d’anticiper les contraintes réglementaires, et d’asseoir la faisabilité esthétique, ergonomique, technique de l’installation. La trame du bâtiment, la conception des volumes, la liaison éclairage naturel/éclairage électrique, les aménagements, les contraintes acoustiques, les équipements techniques en plafond, et jusqu’à l’implantation du mobilier circonscrivent les choix d’implantation des luminaires, l’éventail des designs disponibles, et l’ambiance qui en résultera.
Les réglementations ne disent rien de l’ambiance au sens où l’architecte et le concepteur lumière l’entendent. A suivre les textes à la lettre, on risque un éclairage hygiénique et trop uniforme mais ils ne sont pas aussi obstructifs qu’il y paraît.
Dans la norme NF EN 12464, le rapport entre les niveaux d’éclairement requis sur la tâche et dans l’environnement immédiat a pour premier objectif de favoriser l’acuité visuelle, d’éviter un contraste trop fort et la suraccommodation. Or le mode de calcul de l’éclairement moyen et de l’uniformité laisse une certaine latitude d’interprétation. Si l’on sait jouer sur la fine limite entre éclairage de la tâche et zone périphérique, on peut enrichir le volume, et donner plus de rythme à l’espace. On pourra créer un focus sur la table de travail et un vélum lumineux léger en périphérie, ce qui en outre aboutit à implanter moins d’appareils.
Combinaisons et gradation
La deuxième voie encore peu exploitée est la combinaison de l’éclairage direct et de l’éclairage indirect. Ce double éclairage crée un dialogue entre les trois dimensions de l’espace, génère des jeux doux d’ombre et de lumière. Plusieurs solutions, entièrement liées à la configuration des lieux – espaces cloisonnés ou open space, espaces modulaires ou fixes – permettent de le composer : suspensions, encastrés, lampadaires sur pied, éclairage direct plafonnier, lignes d’éclairage indirectes en périphérie. Raffinement supplémentaire : la modification des températures de couleur dans le temps pour prendre en compte les rythmes biologiques.
Pour satisfaire les besoins en lumière selon les moments de la journée, il existe aujourd’hui des luminaires à gradation, pourvus de deux sources de température de couleur différentes qui permettent de moduler la nature des ambiances lumineuses. Une autre piste a été suivie, il y a quelques années, dans un ensemble de bureaux de la RATP conçus par les architectes Blond & Roux : l’éclairage sur la tâche était blanc. En périphérie un éclairage dynamique coloré réchauffait ou refroidissait l’ambiance, au cours de la journée.
Equipement
L’ambiance, c’est aussi l’esthétique du luminaire. La miniaturisation des tubes et des sources fluorescentes et l’augmentation de leur rendement a déclenché depuis cinq ans la création de modèles de faible encombrement, discrets et légers, en suspension, en plafonniers ou aptes à être intégrés dans les gaines techniques et les faux plafonds. Si l’enveloppe budgétaire ne permet pas d’assumer le surcoût d’un tel design, rien n’interdit d’organiser les luminaires standard de façon à créer un rythme visuel au plafond.
Quelle que soit l’orientation que prendra le concept d’éclairage, les fondamentaux en matière d’équipement resteront les mêmes. Pour atteindre les objectifs de qualité de lumière et de faible puissance installée au mètre carré, il faut d’abord rechercher la performance des sources et des luminaires. Celle-ci s’accroît si ces appareils sont associés non seulement à des détecteurs de présence mais à des systèmes de mesure de la lumière du jour (30 à 70 % d’économie d’énergie) : l’alimentation électrique est coupée dès que l’apport de lumière naturelle permet d’atteindre le niveau d’éclairement requis.
Enfin, le besoin de lumière n’est pas identique d’un individu à l’autre, et se modifie avec l’âge. Une solution sophistiquée de gradation de l’éclairage permet de faire varier le niveau lumineux de chaque luminaire, ou d’un groupe de luminaire, de 0 à 100 %, via des ballasts électroniques numériques. Chère – 20 % par luminaire –, elle a un double intérêt : diminuer les consommations énergétiques – jusqu’à 70 % – et répondre aux vrais besoins des usagers.
