Plans d’exécution, notes techniques, cahier des charges, comptes rendus de réunions de chantier, état d’avancement, calendrier des travaux, photos, courriers… Qu’ils soient techniques, administratifs ou tout simplement informatifs, les documents écrits, graphiques, photo ou vidéo peuvent être maintenant échangés par tous les acteurs d’un projet de construction. Si leur dématérialisation apparaissait comme une évidence en avant-projet, durant la phase de conception et d’études, elle s’impose désormais sur le chantier, quel que soit son type ou son importance.
Cette banalisation des outils de gestion électronique documentaire (GED) s’explique par plusieurs facteurs. Le premier est d’abord d’ordre technologique. Les acteurs du BTP se sont équipés en matériels informatiques et en connexions à Internet. Ensuite, les « armoires à plans informatiques » ont beaucoup évolué.
Considérés il y a peu comme de véritables « usines à gaz », de l’avis même de leurs développeurs, ces systèmes se sont considérablement améliorés. Ils empruntent aux serveurs FTP (File Transfer Protocol) la simplicité d’arborescence (lire la fiche pratique page 69) et s’inspirent de l’ergonomie particulièrement intuitive des navigateurs Internet. Amélie Vaissade, dessinateur-projeteur à l’agence d’architecture Pélegrin, le confirme : « Nous utilisons la Batibox (Interbat) depuis un an, comme c’est le cas en ce moment sur la réhabilitation à Montrouge (94) de 89 logements pour le groupe Logement Français (coût : 3 millions d’euros). Cet outil ressemble à un site Web. Les intervenants de dix corps d’état accèdent à l’espace d’échanges via Internet avec un mot de passe et visualisent ou téléchargent les éléments que nous ajoutons, au rythme de trois ou quatre fichiers par semaine. Si la mise en place a pu être difficile, tout le monde joue désormais le jeu. »
Eviter les blocages de messageries électroniques.
Administrateur d’un espace de projet sur la Batibox, Ferath Ioualalen, architecte associé au cabinet André Georgel, constate ce même pragmatisme technologique sur le projet d’extension de 5 092 m2 (coût : 11,25 millions d’euros) qu’il mène au centre commercial Cora de Livry-Gargan (93). « 80 % des intervenants téléchargent les pièces que nous mettons à leur disposition, affirme-t-il. La plate-forme d’échanges via Internet permet d’éviter les blocages connus jusqu’ici avec les messageries électroniques. Dans certaines sociétés, les salariés ne disposent pas toujours d’une adresse électronique. Du coup, pour éviter que nos e-mails restent en latence, nous doublons toujours l’envoi des documents par fax. Autre exemple : Cora Développement qui représente la maîtrise d’ouvrage, limite la réception des e-mails à 5 Mo. C’est suffisant pour les comptes rendus de chantier enregistrés en PDF, pas pour les fichiers AutoCAD. »
Accéder aux premiers plans de synthèse.
Une autre raison du bon accueil des outils de GED réside dans leur meilleure perception par les entrepreneurs du BTP. Ceux-ci comprennent qu’échanger des fichiers informatiques en phase construction d’un projet n’implique pas nécessairement qu’ils viennent avec leurs ordinateurs sur le chantier ! Ainsi, Alexandre Miguet, chargé d’affaires au sein de l’entreprise de second œuvre Klein, découvre l’intérêt de la GED depuis septembre 2004. « Nous intervenons actuellement sur la construction d’un centre informatique de 2100 m2 (coût 16 millions d’euros) à Bussy-Saint-Georges (77), mais nous avons ouvert un compte sur la plate-forme de gestion SGTi (Derbi-groupe OTH) dès l’attribution des lots, se souvient-il. Nous n’étions donc pas encore physiquement présents et actifs sur le chantier que nous recevions déjà les différents courriers électroniques liés aux études et au démarrage de la construction. Accéder aux premiers plans de synthèse a servi à affiner nos propres études et chiffrages. Aujourd’hui, l’outil de GED nous permet de trouver les plans au dernier indice, transposant les avancées du projet et les modifications entreprises sur l’ouvrage par les autres corps d’état. »
Enfin, l’utilisation de systèmes d’échanges de données informatiques s’inscrit dans une démarche plus globale. « Bien entendu, le maître d’œuvre recueillera au fil du chantier des informations utiles pour la réalisation du projet, confie Olivier Gaudard, P-DG du groupe d’ingénierie générale de la construction Archimen et concepteur de la plate-forme Active3D. Mais l’objectif de la gestion de projet ne cesse pas une fois le bâtiment livré. » La dématérialisation du Dossier des ouvrages exécutés (DOE) doit permettre au maître d’ouvrage de disposer d’un élément « intelligent » pour la gestion de son patrimoine.