Eaux usées : la réutilisation s'invite dans une station d'épuration

Arrosé par les effluents traités dans l'infrastructure voisine, un parc floral limite les prélèvements dans la rivière.

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Situé au cœur de la station d’épuration, un ancien bassin de décantation a été reconfiguré pour accueillir les équipements de traitement et stocker l’eau traitée.

Face aux épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, les restrictions d'arrosage se multiplient dans l'Hexagone. Pour autant, dans le sud d'Orléans (Loiret), le parc floral de la Source et ses 35 ha ne manqueront pas d'eau. Une certitude liée à la décision de la métropole qui, pour ne pas accentuer le stress hydrique, a décidé de réutiliser les eaux usées issues de la station d'épuration de La Source/Saint-Cyr-en-Val.

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Située à quelques centaines de mètres seulement du parc, l'infrastructure devait auparavant s'équiper d'une unité dédiée à la réutilisation des effluents traités. Le marché de maîtrise d'œuvre a été confié en 2019 au bureau d'études Artelia, dont la première mission a consisté à valider la faisabilité du projet, en tenant compte de la proximité des captages d'eau potable. « Nous devions vérifier que cette eau d'arrosage ne risquait pas de polluer la nappe. Un hydrogéologue a donc mené une étude approfondie pour écarter ce risque », indique Jérôme Constans, responsable du pôle traitement des eaux et électricité chez Artelia.

Le groupe d'ingénierie s'est ensuite chargé de dimensionner l'installation pour offrir une capacité de retenue de 2 000 m3 par jour. Il a aussi confirmé la possibilité de mettre à profit un bassin de décantation désaffecté implanté sur le site de la station d'épuration. « Techniquement, ce bassin enterré en béton avait été conçu pour contenir de l'eau, pas pour rester en partie vide, ni pour accueillir les charges ponctuelles liées aux nouvelles installations », poursuit-il. Son réemploi s'est finalement avéré déterminant pour la réalisation du projet, puisque, en plus de baisser le bilan carbone de l'opération, il a permis de réduire d'au moins 40 % la facture.

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Filtres à sable et ultraviolets. Une même logique liant efficacité et économie a présidé lors du choix du process industriel. Le maître d'œuvre a en effet préconisé une solution « optimale en termes de coûts et de simplicité d'exploitation », qui permet d'atteindre la qualité de classe A, c'est-à-dire du niveau des « eaux de baignade » conformément à la réglementation pour le type d'usage visé. Ainsi, après la phase classique de traitement biologique et de clarification, une partie des eaux usées de la station est détournée vers des filtres à sable installés sur l'emprise de l'ancien bassin, qui retiennent les matières organiques, puis elle est désinfectée par des ultraviolets pour détruire bactéries et virus. L'eau est enfin légèrement chlorée pour garantir sa stabilité dans le temps. A l'issue de ce processus qui dure quelques heures, le précieux liquide peut alors être stocké dans une bâche de 450 m3 , située au cœur de l'ancien bassin et reliée par une canalisation de 1 km de long à la station de pompage existante à l'intérieur du parc.

 

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Lancés en 2021, les travaux de réaménagement du bassin, de mise en place des canalisations et de construction de la nouvelle unité se sont achevés mi-2022. S'en sont suivis six mois de tests et d'analyses afin de vérifier l'absence d'impact de l'arrosage par aspersion sur l'environnement. En parallèle, Artelia a monté et déposé une demande d'autorisation auprès de la direction départementale des territoires et de l'agence régionale de santé de Centre-Val de Loire : l'arrêté préfectoral a été obtenu en juin. Depuis lors, l'arrosage s'effectue grâce à ces eaux de récupération, avec quelques restrictions toutefois, puisqu'il n'est possible que la nuit quand le parc est fermé, et interdit quand le vent dépasse 30 km/h. Ce nouvel usage permet de rendre au débit du Loiret 100 000 m3 par an, ce qui contribue à l'équilibre des milieux naturels.

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