A Dunkerque, la déconstruction de la raffinerie carbure

Sur le plus grand site de déconstruction en France, les enjeux de mise en sécurité sont très forts.

 

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Le groupe Colas va retirer 30 000 tonnes d'acier de la raffinerie fermée fin 2016, et rongée par la corrosion.

Quelque 90 hectares de friches industrielles façon « Mad Max » : l'ancienne usine de production de bitume du groupe Colas, fermée fin 2016, est loin d'être un cadeau en matière de déconstruction et de dépollution des sols. De cette contrainte, compliquée et coûteuse à traiter, Colas a décidé d'en faire un atout. L'entreprise a transformé le chantier hors norme en une vitrine de son savoir-faire.

« C'est le plus grand site de déconstruction en France. Nous allons par exemple en retirer 30 000 tonnes d'acier, soit l'équivalent de cinq tours Eiffel. Il y avait beaucoup d'amiante, notamment dans les canalisations. Les enjeux de mise en sécurité sont ici très forts », détaille Henri Molleron, directeur environnement et chargé de mission responsable du groupe, qui suit de près le chantier visant à rendre en 2021 au port de Dunkerque un terrain prêt à être réindustrialisé.

Pilote de traitement sur un demi-hectare

Un BIM d'or a déjà été attribué à la démarche de modélisation des pollutions présentes dans le sol. Désormais le groupe teste ses solutions de traitement in situ et a pour cela mis en place un pilote de traitement sur un demi-hectare. « C'est le plus gros jamais déployé en France. Il teste l'extraction sous vide couplée à une oxydation catalytique (combustion à très haute température), solution qui semble très bien fonctionner avec 1 500 m3 d'air traités par heure », détaille Henri Molleron qui souhaite désormais développer cette solution à plus grande échelle sur le site.

Pour l'heure, c'est une véritable course contre la montre qui s'est engagée pour faire face à la corrosion qui ronge les différentes parties de l'usine. « Elle fait des ravages. Certains prélèvements d'échantillons pour vérifier la présence d'amiante ont nécessité de construire des échafaudages dédiés car les passerelles et les échelles existantes n'étaient déjà plus utilisables », souligne le directeur environnement dont les équipes sont également obligées de poser des « pansements » sur certains éléments afin que les tôles ne s'en détachent pas.

Boues polluées au mercure

Autre contrainte du site : son histoire. Il a en effet été bombardé trois fois. « La présence éventuelle d'engins pyrotechniques complique encore le travail. Aucun gros choc au sol n'est possible car il risquerait de provoquer une explosion », explique Séverine Rouget, directrice de MCD, filiale de Colas qui assure la maîtrise d'ouvrage déléguée du chantier. Celui-ci réserve son lot de surprises. Ont été par exemple découvertes 700 tonnes de boues polluées au mercure, qu'il a fallu stocker sur place plusieurs mois de façon sécurisée avant de pouvoir les éliminer dans les filières dédiées.

Pour gérer les nombreux déchets, une station de stockage de 1 ha a été créée sur le site, qui possède aussi sa propre station d'épuration des eaux. Pour suivre l'évolution des polluants dans la nappe phréatique, 90 puits de contrôle ont été installés. Afin de faire table rase du passé, 200 000 heures de travail ont déjà été effectuées (à la fin février) avec jusqu'à 166 personnes travaillant simultanément sur le site.

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