Du génie civil version " piscicole " va se déployer en masse en Alsace à partir des prochains mois. Le gouvernement, en l’occurrence le secrétariat d’Etat à la Biodiversité, a annoncé la mise en construction de deux passes à poissons pour la somme cumulée de 80 millions d’euros au niveau des barrages hydroélectriques sur le Rhin à Rhinau et Marckolsheim (Bas-Rhin).
Les futurs ouvrages compteront parmi les plus importants de ce type édifiés en Europe, confirme le cabinet de la secrétaire d’Etat Bérengère Abba. Les travaux sous maîtrise d’ouvrage d’EDF s’engagent cet automne pour leur phase préparatoire avant d’entrer dans le vif du sujet début 2022 pour plusieurs années, les objectifs de livraison étant fixés à 2025 pour Rhinau et 2026 pour Marckolsheim.
A plusieurs dizaines de millions d’euros l’unité, chacune de ces passes excède largement les crédits qui avaient été nécessaires à la construction, de 2001 à 2019, de quatre ouvrages similaires le long de la partie amont du Rhin, côté français à Gambsheim, Strasbourg et Gerstheim (Bas-Rhin) et à Iffezheim sur la rive allemande.
Les conditions de franchissement du fleuve au niveau de Rhinau et Marckolsheim représentent une complexité particulière, du fait de sa configuration et de ses aménagements à ces endroits. Le caractère exceptionnel du projet justifie d’ailleurs son financement, à 100 %, par des crédits du plan de relance, alors que la prise en charge mobilise en général les budgets des agences de l’eau. « Le plan de relance est arrivé à point nommé pour débloquer la question financière », se réjouit Jean-Franck Lacerenza, directeur de l’association Saumon Rhin.
Décision-cadre internationale
Ces ouvrages, complétés d’autres au niveau de la rivière alsacienne affluente Ill et des vieux bras du Rhin, doivent créer la continuité écologique propice au retour et au développement des poissons dans le fleuve amplement canalisé et industrialisé.
Le symbole est représenté par le saumon. Il avait disparu du Rhin à la suite de la grave pollution de celui-ci par l’incendie d’une usine chimique à Bâle en 1986 et il opère petit à petit son retour. L’année 2020 a été sa « meilleure » avec quelque 200 spécimens comptés à Iffezheim par l’association Saumon Rhin, même si la tendance reste fragile : le millésime 2021 devrait être moindre.
Les nouveaux chantiers côté français résultent d’une décision-cadre d’une instance internationale, la Commission internationale pour la protection du Rhin qui réunit la France, la Suisse, l’Allemagne et les Pays-Bas, au titre du programme Rhin 2040 qu’elle a adopté début 2020. Allemands et Néerlandais étaient les plus fervents défenseurs des nouveaux aménagements en amont du fleuve, dans la continuité de leurs investissements antérieurs de même nature.
