Sous la Seine, au pied du pont de Tancarville qui relie les départements de la Seine-Maritime et de l'Eure, le plus gros chantier gazier normand est en pleine effervescence. L'opérateur GRT gaz prévoit d'y faire passer une partie des 1 000 mètres de conduites qui assureront la nouvelle interconnexion gazière entre les pays du Nord de l'Europe et la Normandie. Un nœud stratégique qui alimentera en énergie toute la région, et surtout les plates-formes industrielles du Havre et de Port-Jérôme. « Deux canalisations existantes assurent déjà ce rôle, chacune dans un sens, mais elles sont trop peu profondes pour permettre le dragage du lit du fleuve, qui doit être effectué prochainement pour agrandir le chenal de la Seine. Il nous faut donc poser de nouveaux réseaux à un endroit plus sûr, et rendre les anciennes conduites non opérationnelles », explique Fabrice Gagneux, directeur du projet pour GRT gaz.
Etanchéité assurée. Les canalisations de remplacement, en acier et d'un diamètre de 40 cm, seront enfouies à une profondeur de 7 à 13 m sous le fleuve pour éviter tout risque de contact avec les engins de dragage. « Pour ce faire, nous avons choisi de creuser au micro tunnelier une galerie courbe de 1,6 m de diamètre et de 650 m de long. Le défi technique consiste à réaliser ce percement à une dizaine de mètres de profondeur, sous le lit de la Seine, pour se prémunir des risques d'inondation », détaille le superviseur des travaux, Guillaume Haudrard. Afin de garantir que les opérations se déroulent au sec, le puits d'entrée du tunnelier, de 5 m de large et 10 m de long pour 7 m de profondeur, a été consolidé à l'aide de palplanches de 12 m de long, avant qu'une dalle de béton soit coulée au fond pour assurer l'étanchéité.
Le percement de la galerie subaquatique a débuté en juin. Une fois le micro tunnelier sorti, les deux canalisations pourront être enfilées à l'intérieur. Une opération délicate sur ce tracé courbe où les deux tuyaux seront insérés dans un seul et même micro tunnel. C'est une première pour ce type de réseau. « Le fait de n'avoir qu'un seul ouvrage pour deux conduites est plus économique, et permet de limiter l'emprise du chantier sur l'environnement. Ce n'est pas neutre dans un espace naturel protégé tel que celui-ci », relève Fabrice Gagneux.
Pour réaliser cette opération, les ingénieurs prévoient de solidariser les deux éléments à l'aide d'espaceurs équipés de roulettes qui permettront de faire avancer les tuyaux dans la galerie. Atypique, « cette technique a déjà été utilisée pour certains pipelines », précise toutefois Fabrice Gagneux. Une fois appareillé sur le marais Vernier, au sud de la Seine, le dispositif sera tiré par deux gros treuils situés à Tancarville. Le tirage des tuyaux doit avoir lieu en septembre prochain. Devenue désuète, l'installation actuelle sera ensuite rendue inopérante avant d'accueillir les premières dragues. La mise en service du nouveau réseau est quant à elle prévue pour février 2020.



