Aujourd'hui, quand nous devons choisir un four ou une machine à laver, nous n'avons aucun mal à voir celui qui nous permettra d'alléger nos charges mensuelles. L'obligation de faire figurer une étiquette-énergie indiquant la performance énergétique sur tous ces équipements permet de voir en un coup d'œil lequel est le moins énergivore.
Si pour laver son linge, les choses sont simples, quand il s'agit de se chauffer, les choses se compliquent. A ce jour, aucun fabricant de solution de chauffage n'est contraint de faire figurer une étiquette-énergie. A l'automne prochain, la désormais fameuse étiquette déclinant les premières lettres de l'alphabet sur fond coloré sera également apposée sur les pompes à chaleur et les chaudières.
Considérés par Bruxelles non comme des sources principales de chaleur, mais comme des solutions de chauffage d'appoint, les convecteurs électriques ont fait l'objet de discussions parallèles et de conclusions différentes. Fin 2013, la Commission européenne et les Etats membres ont décidé de ne pas faire obligation aux fabricants d’équipements produisant de la chaleur par effet Joule – transformation de électricité en calories - de faire figurer une étiquette énergie sur leurs produits. Ils se sont mis d'accord pour qu'une mention « Ne convient qu’aux espaces bien isolés ou pour des usages occasionnels » figure sur les convecteurs électriques portables.
La Grande-Bretagne met un coup de pied dans la fourmillière
Dans un mail adressé le 5 mai au Conseil de l'Union Européenne – dont Le Moniteur a pu avoir connaissance - la délégation anglaise fait part de son souhait de s'opposer à cette dispense d'étiquette avant qu'elle ne soit définitivement adoptée par le Conseil européen. Cette dernière indique qu'en excluant les convecteurs électriques de l'étiquetage énergétique, l'Union européenne ne donne pas aux consommateurs la possibilité de comparer tous les différents types de chauffage entre eux.
A Bruxelles, où les lobbys industriels s'activent pour défendre leurs intérêts dans une atmosphère d'ordinaire consensuelle, le courriel n'est pas passé inaperçu. Familier des discussions bruxelloises au sujet des réglementations découlant de la directive « Etiquette-énergie », Joel Vormus de l'association CLER - Réseau pour la transition énergétique dit n'avoir encore jamais vu un Etat membre s'opposer publiquement de la sorte.
Mais celui qui avait vu dans le choix de ne pas étiqueter les convecteurs électriques la main invisible du lobby français de la filière électronucléaire ne perçoit pas au travers de la démarche des britanniques un sursaut de défense du consommateur. Selon lui, cette brusque opposition de la Grande-Bretagne pourrait venir d'un industriel anglais influent, insatisfait de l'étiquette dont il bénéficiera et qui considère que la dispense dont bénéficient les convecteurs électriques conduira à une distorsion de concurrence en sa défaveur.
Dans son mail, la Grande-Bretagne souligne que les équipements de chauffage produisant de la chaleur par effet Joule seraient, au mieux, classés F sur l'étiquette-énergie (G étant la classe énergétique la moins efficace). Alors, plus que l'introduction de l'étiquette-énergie pour les chauffages électriques, elle demande de rouvrir les discussions. Reste à savoir si cet élan anglais entraînera derrière lui d'autres pays frondeurs et arrivera à faire émerger une discussion sur l'absence d'étiquette sur les convecteurs électriques. Une chose est sûre, si les débat que souhaitent les Anglais n'a pas lieu à Bruxelles, il aura lieu en France, à l'automne, quand les étiquettes fleuriront sur les chaudières gaz et les pompes à chaleur mais pas sur les radiateurs électriques.