Dans son discours de politique générale, François Bayrou envoie des signaux positifs au BTP

Relance de la politique du logement, réduction de l’effort financier des collectivités, soutien aux mobilités douces et au nucléaire... Le Premier ministre a esquissé, sans entrer dans les détails, les priorités de son gouvernement.

Le nouveau Premier ministre François Bayrou prononce son discours de politique générale, à Paris le 14 janvier 2025.
Le nouveau Premier ministre François Bayrou prononce son discours de politique générale, à Paris le 14 janvier 2025.

La position du Premier ministre sur le devenir de la réforme des retraites était particulièrement scrutée, le 14 janvier lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Pour autant cette prise de parole n’a pas éludé des thèmes essentiels pour le secteur du BTP parmi lesquels la politique du logement et celle de l’énergie, mais aussi le sort réservé aux collectivités dans leur participation à l’effort d’économie.

François Bayrou a ainsi annoncé « la création d’un fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’Etat ». Celui-ci sera financé en rendant « actif » son patrimoine immobilier « inactif », a-t-il expliqué aux députés qui ont censuré le précédent exécutif.

Alors que la dette publique de la France s'établit à 112% du PIB, ce fonds permettra notamment d’investir dans « le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos services publics », a-t-il illustré. Les produits des cessions de bâtiments appartenant à l’Etat qui l’abonderont « ne pourront pas être utilisés pour des dépenses courantes » mais seront consacrés à « ces efforts de réorganisation », a-t-il encore insisté.

« Débureaucratisation »

Un « puissant mouvement de débureaucratisation » est également inscrit sur la feuille de route du nouveau gouvernement, le quatrième en moins d’un an. « Plus de 1000 agences, organes ou opérateurs exercent l’action publique (…) sans contrôle démocratique réel », a déclaré François Bayrou.

Le maire de Pau a cité France Travail et son « rôle précieux » parmi ceux qui lui semblent intouchables. Quid de l’Ademe, du Cerema, du CSTB… et des autres portes publiques à laquelle peuvent frapper les acteurs du BTP ? Pour l’heure, il a appelé à revoir, de manière générale, ce « labyrinthe dont un pays rigoureux et sérieux peut difficilement se satisfaire ».

Les collectivités seront « confortées »

Inquiètes du long chapitre de rigueur budgétaire qui s’annonce, les collectivités locales, qui ont vu fondre leurs recettes ces dernières années (taxe d’habitation supprimée, chute des droits de mutation à titre onéreux sur fond de baisse des ventes de logements…), « portent 70% de l’investissement » public, a rappelé François Bayrou.

« Quand l’activité fléchit, cet effort qui soutient le bâtiment, les travaux publics, l’équipement de nos villes (…) est précieux pour le pays », a-t-il insisté. « Mon gouvernement confortera les avancées sur des sujets très attendus comme l’eau, l’assainissement », a-t-il promis avant d'annoncer un objectif d'économies aux collectivités bien plus faible que celui préconisé par le projet de loi de finances présenté par le gouvernement Barnier.

« Sur le plan financier, l’effort [qui leur sera] demandé sera ramené, comme les débats parlementaires l’ont confirmé, de 5Mds€ initialement à 2,2Mds€ en 2025. »

Une politique du logement « repensée et de grande ampleur »

Autre source de préoccupation, amplifiée par l’abandon du budget pour 2025 qui comprenait une série de mesures propres à revitaliser un secteur immobilier en crise, le logement n’a pas été oublié par le Premier Ministre. « Nous avons besoin d’une politique du logement repensée et de grande ampleur », a-t-il lancé, appelant à des simplifications et à un soutien à l’investissement pour favoriser la construction.

Il veut ainsi aller plus loin que les précédents gouvernements « en réduisant les délais, en allégeant les demandes d’autorisation, en favorisant la densification, et en facilitant les changements d’usage ». Un projet de loi transpartisan, porté depuis fin 2023 par le député centriste Romain Daubié, sur les transformations de bâtiments non résidentiels en logements, va dans ce sens.

Le rebond du secteur « suppose de relancer l’investissement locatif et l’accession à la propriété, et de soutenir les élus bâtisseurs par un système d’encouragement à l’investissement, y compris à l’investissement privé », sous-entendu les particuliers, a-t-il ajouté.

Les acteurs de l’immobilier rassurés mais prudents

« Je partage l’analyse du Premier ministre : il faut permettre à nos concitoyens d’avoir accès à un logement qu’il peut acheter ou louer », a écrit le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), Pascal Boulanger, sur LinkedIn, peu après que François Bayrou ait prononcé son discours de politique générale. « La feuille de route qu’il a fixée est claire : simplifier les procédures et les normes, densifier, relancer l’investissement locatif et l’accession à la propriété et soutenir les maires bâtisseurs. Ces objectifs répondent point par point aux propositions portées par la FPI depuis 2022. Nous avons perdu trop de temps. »

De son côté l’Union sociale pour l’Habitat, se félicite que « le Premier ministre François Bayrou a abordé la question du logement, en rappelant qu'il s'agissait d'une « mission centrale », reconnaissant que « chacun doit avoir accès à un logement abordable ». Sa présidente, Emmanuelle Cosse, regrette cependant le manque d’annonces concrètes. « Le Premier ministre s’en est tenu à des propos très vagues sur la politique du logement. J’espère que ces généralités ne sont pas le signe d’une méconnaissance de l’ampleur de la crise du logement dont nos concitoyens modestes sont les premières victimes. Le mouvement HLM est par nature et par mission disposé à la réflexion, mais il entend d'abord et avant tout que les mesures évoquées ces derniers mois se concrétisent, qu'il s'agisse de la baisse du taux du Livret A, de la baisse annoncée de la Réduction de Loyer de Solidarité (RLS), du soutien à la rénovation et à la décarbonation du parc social. »

« Une énergie décarbonée accessible à tous »

Au rayon « adaptation au changement climatique », l’Etat poursuivra et amplifiera les efforts qui font de la France un pays exemplaire selon lui.

Au menu : planification d’une stratégie bas carbone et préservation de la biodiversité et production décarbonée « grâce à des technologies nouvelles ». Pour ce dernier point, la politique énergétique du pays reposera essentiellement sur le nucléaire, dont la relance a été actée par Emmanuel Macron. Objectif : garantir « une énergie décarbonée accessibles à tous ».

François Bayrou croit également en la géothermie, caractérisée par son « réservoir inépuisable de calories gratuites ».

Concernant l’eau, le Premier ministre a annoncé « une conférence nationale déclinée dans les régions », sans plus de détails.

Enfin, il a promis de « favoriser les mobilités les mieux adaptées » à la transition écologique, citant l’hydrogène et le plan vélo, « avec les moyens qui lui sont nécessaires ».

Mettre fin à la « précarité budgétaire »

Le discours de politique générale de François Bayrou a été principalement axé sur les finances publiques. En témoignent les trois défis qu’il compte relever. Le premier : adopter le budget pour 2025. La « précarité budgétaire » actuelle affecte en effet « les entreprises, les investisseurs, les contribuables, les emprunteurs », a-t-il listé.

Le deuxième, lui aussi urgent, portera sur la mise en place d’un cadre stable pour les collectivités territoriales et les opérateurs économiques, dans le brouillard depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, ainsi que pour les ménages, sur la défensive également, notamment en matière d’investissements immobiliers.

Le « troisième défi de plus long terme » visera les « problèmes devant nous » qui pèsent sur le « surendettement de notre pays », a-t-il conclu.

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