C’est un projet vertueux à tous les niveaux qui prend forme en ce moment au sein de l’Institut supérieur aquitain du bâtiment des travaux publics (Isa BTP). A la place du traditionnel mémoire de fin d'étude, les 64 élèves ingénieurs se préparent à partir en Tanzanie afin d’aller reconstruire deux salles de classes pour le compte de l’association Education pour le Kilimandjaro. « Nous allons travailler sur l’école Kiwalaa dans la ville de Mbokomu pour reconstruire les salles de classe et ajouter un bureau pour le proviseur qui n'en avait pas jusqu'à présent », commence Claire Palin-Luc, étudiante et responsable du pôle conception du projet. Les étudiants réaliseront également un réfectoire et des nouveaux sanitaires pour les enseignants. Au total, ils construiront 475 m² de surface pendant six semaines en mars prochain.
Un soin particulier sur la ventilation naturelle
Pour y parvenir, ils ont adapté la conception au climat local, soit une température moyenne d’environ 30 °C avec un fort taux d’humidité, ainsi qu’aux matériaux et aux techniques constructives. Résultat : les deux salles seront installées sur une dalle en béton. Les murs seront en blocs de béton et la charpente en bois traité pour éviter les termites. « Les poutres métalliques de sections suffisantes ne sont pas disponibles localement », pointe Claire Palin-Luc.
« Nous avons accordé un soin particulier à la ventilation naturelle des salles de classe, ce qui passe par la création de claustras en partie haute des murs pour permettre la circulation de l’air en permanence », souligne Claire Palin-Luc. De même, un faux-plafond en plâtre servira à isoler les combles potentiellement surchauffés des salles d’études. Enfin, un double faîtage doit permettre d’évacuer l’air chaud du toit pour éviter l’accumulation de chaleur.
Pour les 240 m² du réfectoire la logique est la même, mais les étudiants ont choisi d’éviter les faux-plafonds pour disposer d’un plus vaste volume à ventiler. Les fenêtres non-vitrées disposeront de grille anti-effraction, là aussi pour assurer une ventilation permanente. Enfin, les cuisines qui comportent des fours à bois seront munies de grandes ouvertures pour évacuer leur chaleur.
Repérage et préparation du site de travaux
Côté organisation logistique, les 64 étudiants regroupés au sein de l’association Human’Isa XXIV disposent du matériel acquis par leurs prédécesseurs des promotions passées. Quant aux matériaux disponibles localement, ils ont été repérés par deux enseignants qui se sont déjà rendus sur place pour réaliser diagnostic et prise de contact avec les fournisseurs locaux. Un groupe d’une quinzaine d’étudiants partira une semaine plus tôt que le reste de la promo pour préparer le site et veiller à ce que les deux salles de classe existantes soient démolies et les gravats évacués avant l’arrivée du reste des élèves.
Un budget de 230 000 euros
Au total, le voyage et le logement des étudiants sur place ainsi que l’achat de matériaux et matériels représente un budget de 230 000 euros. Pour réunir ce montant, un pôle financement se charge de collecter des dons auprès d’entreprises, de particuliers et de collectivités locales. Tandis qu’un pôle événement organise aussi bien vide-dressing que tournois de pétanque ou courses à pieds. Actuellement, le montant collecté avoisine les 130 000 euros et les actions de collecte sont toujours en cours.
Calculer et réduire l'empreinte carbone
« Nous sommes en train de calculer l’empreinte carbone de notre déplacement et nous cherchons à décarboner notre action autant que possible », précise d’emblée Solène Blanchon, référente éthique du pôle logistique. « Certes, le voyage reste très couteux en carbone et il serait moins émissif de simplement envoyer de l’argent pour qu’ils réalisent les travaux eux-mêmes, mais il est important d’y aller nous même du point de vue humain », poursuit la future ingénieure.
Pour compenser en partie les émissions de CO2, les étudiants organisent des mini-défis pour mesurer et réduire leur empreinte carbone individuelle en utilisant les mobilités douces pour se déplacer et en achetant de seconde main, par exemple. Ils profitent surtout de l’organisation de ce déplacement pour intervenir dans les écoles primaires d’Anglet et sensibiliser les plus jeunes qui donnent des vêtements et dessins à leurs homologues tanzaniens. Une démarche digne d’une entreprise à mission qui répond aux ambitions des étudiants d’avoir un impact grâce à leurs projets.