Les raisons qui poussent aujourd'hui les maîtres d'ouvrage, publics ou privés, à mener des opérations de démolition ont évolué : elles ne sont plus uniquement liées à une situation d'obsolescence technique, voire d'insalubrité. Elles tiennent à des phénomènes complexes comme, par exemple, la vacance dans les logements sociaux. Datant le plus souvent des années 60 et 70, ces constructions s'avèrent pourtant de qualité. Elles diffèrent en cela des HLM des années 50, construites à titre « transitoire » dans l'urgence de l'après-guerre. Mais quelles que soient leurs spécificités, les opérations de démolition-reconstruction achoppent, le plus souvent, sur la question du financement.
Un logiciel d'aide à la décision, présenté en page 97, aide le maître d'ouvrage ou l'architecte à choisir entre réhabilitation et démolition.
Offres de démolition : des écarts de 1 à 10
D'un point de vue technique, une opération de démolition-reconstruction combine deux chantiers très différents. Si la construction d'un nouveau bâtiment diffère très peu d'un projet classique, en revanche, la démolition du bâtiment existant entraîne de très nombreuses contraintes. Par exemple, elle suppose la réalisation d'un diagnostic sur la présence d'amiante dans les locaux, la gestion des déchets de chantier et la réduction des nuisances (poussières, bruit).
Des études récentes menées sur l'ensemble du territoire montrent que le montant des offres de démolition, quelle que soit la technique envisagée, présente des écarts surprenants ; allant de 1 à 10. Cette situation s'explique par la pratique du montant forfaitaire qui ne fournit pas de détail des travaux exécutés. Des documents établis par la direction de l'habitat et de la construction et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) encouragent donc le diagnostic des bâtiments avant démolition (voir notre enquête HLM, page 57).
Il existe aujourd'hui une dizaine de techniques de démolition que nous recensons en page 95. Les méthodes les plus archaïques côtoient les plus sophistiquées comme l'abattage aux explosifs.
La gestion des déchets constitue un autre enjeu. Le tri sur le chantier est encore peu répandu car il se heurte aux habitudes des entreprises. Par ailleurs, dans le cas de la démolition, les composants de l'ouvrage sont souvent liés entre eux. Pourtant, dans la perspective de la seule mise en décharge des déchets ultimes, le coût de stockage deviendra prohibitif, comme le révèle le tableau de la page 94.
PHOTO : La réhabilitation de l'ancien siège du CNRS, quai Anatole-France à Paris, a nécessité un déshabillage total de la structure et des reprises importantes en sous-oeuvre (architecte, cabinet Jougleux di Fiore ; entreprise générale, Bateg).