La pédagogie de l’infiltration produit ses effets à Châteauneuf-sur-Charente (Charente). « Jusqu’à l’an dernier, les habitants n’avaient jamais vu l’eau en surface, dans le centre-ville », rappelle Christophe Montil, fondateur de l’activité de maîtrise d’œuvre paysagère au Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (Critt) horticole de Rochefort (Charente).
Hymne aux sols vivants
Missionné pour le réaménagement du centre-ville, le paysagiste concepteur a mis fin à l’hégémonie du minéral, dans deux rues en pente. Désormais déconnectées des réseaux d’assainissement, les eaux pluviales convergent vers l’aval, à travers trois types de tranchées drainantes de noues. Sur 35 ml, les plus importantes présentent un diamètre d’1m.

Les noues ralentissent les écoulements (@Christophe Montil)
Choisis pour leur résistance aux excès d’eau, chacun des trois ormes plantés sur la place Basse du château bénéficie de 10 à 12 m3 de terre, ce qui leur permet de constituer la réserve nécessaire pour passer la période sèche et rafraîchir la ville. « J’ai joué sur la bonne capacité de filtration du sol calcaire du cognaçais », confie Christophe Montil.
La commune de 26 000 habitants a donné au paysagiste l’occasion de vérifier sa conviction : « Potentiellement, les sols vivants peuvent résoudre 100 % des problèmes d’eau ». Grâce au fonds vert qui a contribué à hauteur de 100 K€ au financement des 330 K€ de la première tranche achevée en avril 2025, la ville se tient prête à enfoncer le clou en 2026, pour finaliser le projet qui mobilise un budget total de 1,3 M€.
Cercle vertueux
Alors que l’eau ne faisait pas partie de sa commande initiale, le maître d’ouvrage explicite désormais ses attentes, en vue de la seconde tranche. Avec son maître d’œuvre, la commune a passé en revue ses artères trop larges, pour y implanter des noues.
Cette adhésion s’ajoute à celle des riverains : « Les conventions pour la végétalisation des murs se sont d’abord heurtées à un refus. Finalement, j’ai placé toutes les neuf plantes grimpantes que j’avais prévues », se réjouit le maître d’œuvre. Il reconnaît néanmoins un point d’alerte, suite à un désordre en cours de résolution : la perméabilisation d’un stationnement a entraîné des dégâts dans une cave.

Les plantes et les piétons se partagent les deux bordures d'une chaussée rétrécie (@Christophe Montil)
Audience nationale
Christophe Montil voit dans ce projet la récompense de l’opiniâtreté : « Le principe des noues a mis longtemps à s'imposer », témoigne-t-il. Il explique Son engagement précoce dans cette direction par ses collaborations avec ses anciens associés Alain Sauvé, ingénieur des eaux et forêts et Michel Nicolet, chargé des voiries et réseaux.
Le 20 mai lors de son assemblée générale à Paris, Plante & Cité lui a donné une audience nationale. Aux côtés de la métropole de Rouen et de la ville de Saint-Etienne, Châteauneuf-sur-Charente figure parmi les trois exemples mis en avant lors de la table ronde consacrée aux retours d’expérience de désimperméabilisation.