Des murs montés à cru

Matériau -

A Nanterre, le groupe scolaire Miriam-Makeba a fait le choix de la terre.

 

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Les façades de l’étage s’habillent de feuilles d’inox.

En septembre dernier, élèves et enseignants du groupe scolaire Miriam-Makeba de Nanterre (Hauts-de-Seine) ont fait leur première rentrée dans les 15 classes et le centre de loisirs conçus par l'agence Toa. « C'est le premier bâtiment public en terre crue d'Ile-de-France », annonce d'emblée l'architecte Olivier Méheux. « Si nous voulons que la transition écologique avance, il faut que les équipes de maîtrise d'œuvre puissent recourir à des techniques diverses. Nous cherchons à accompagner la créativité, à trouver d'autres matériaux et manières de construire », précise pour sa part Patrick Jarry, maire de la ville. Au préalable, les associés de Toa ont visité les opérations réalisées en France avec de la terre crue et profité des conseils de l'agence Nunc, qui a signé il y a quelques années le Centre d'interprétation du patrimoine archéologique de Dehlingen (Bas-Rhin).

Dans leur école, la terre crue sert en extérieur pour le mur d'enceinte et en remplissage de la structure béton du rez-de-chaussée. Le matériau extrait du site, pollué, n'ayant pu être utilisé, les 300 tonnes de terre mise en œuvre proviennent de la briqueterie d'Allonne (Oise), ce qui permet de rester tout de même en circuit court. « Face à l'épuisement des ressources en sable, la terre crue offre une alternative au tout-béton. Sur le plan énergétique, elle ne subit aucune transformation et elle est recyclable à l'infini car il n'y a pas d'adjonction de ciment », fait valoir Olivier Méheux.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 19475_1188793_k3_k1_2788011.jpg PHOTO - 19475_1188793_k3_k1_2788011.jpg

Confrontation esthétique. « Nous avons utilisé du pisé, un procédé ancestral sur le territoire français, poursuit l'architecte. Mais nos organismes de réglementation contemporains ne le reconnaissent pas. Il a donc fallu tout démontrer… ». Et, en particulier, attendre six mois pour obtenir l'indispensable appréciation technique d'expérimentation (Atex) auprès du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). La terre a été coulée par petites couches entre deux banches puis compactée avec un fouloir pneumatique. Mise en œuvre sur 40 cm d'épaisseur, elle aurait pu être porteuse mais, pour rassurer les différents services, elle ne l'est pas. Dressée sur un talon en béton de 50 cm, elle est surmontée par un bandeau également en béton et une couvertine métallique en débord qui la protègent des infiltrations d'eau. Une confrontation esthétique s'instaure ainsi entre le pisé, naturel et rustique, et le revêtement en inox de l'étage, artificiel et précieux.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 19475_1188793_k4_k1_2788012.jpg PHOTO - 19475_1188793_k4_k1_2788012.jpg

Matériau énergivore mais durable, ce dernier est utilisé ici en feuilles très minces qui lui donnent un aspect bosselé. « L'idée du socle en terre crue, comme une remontée du sol, chapeauté par un volume habillé d'inox brossé qui reflète le ciel, vient de notre envie d'inscrire cette école de faible hauteur dans le tracé des terrasses de Nanterre et de la fondre ainsi dans le paysage », précise Olivier Méheux. L'isolation en ouate de cellulose préserve les qualités perspirantes des murs. « La terre présente une forte inertie thermique. Elle a joué pleinement son rôle cet été lors de la canicule puisque les locaux, encore inoccupés, sont restés frais », précise Pascal Thomas, architecte de l'agence Toa. A l'intérieur, les cloisons séparatives entre circulations et salles de classe, de 30 cm d'épaisseur, bénéficient de ses performances hygrothermiques. La terre a été simplement imprégnée de colle à papier peint bio pour la stabiliser et atténuer l'effet poussiéreux.

Image d'illustration de l'article
PHOTO - 19475_1188793_k5_k1_2788013.jpg PHOTO - 19475_1188793_k5_k1_2788013.jpg

« Approche pédagogique environnementale ». Afin de livrer, à la demande du maître d'ouvrage, un bâtiment à énergie positive (Bepos), Toa a multiplié les dispositifs en ce sens : panneaux solaires, jardinières plantées d'arbustes sur les toits, chaudière à granulés bois… Les architectes ont également inscrit des minimurs Trombe dans les façades vitrées des salles de classe orientées au sud, couplés à une ventilation traversante. Ce dispositif, que l'enseignant actionne lui-même, permet de couper le système à double flux plus tôt dans l'année. « L'approche pédagogique environnementale dans sa dimension démonstrative fait partie de notre projet », expliquent les architectes.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires