Malgré une progression du chiffre d'affaires en 2013 (de 40,9 Mrds€ en 2012 à 42,5 Mrds€ en 2013, enFrance), les indicateurs du secteur des travaux publics sont dans le rouge en 2014. Le plus fort repli d'activité depuis 2009 a été enregistré en novembre 2014 par la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) : - 13,3% par rapport au même mois de 2013. Qui plus est, la fédération anticipe une chute de l'activité de 8 % en 2015. Les causes en sont multiples : le contexte économique, la fin des grands chantiers ferroviaires en métropole, l'inertie conjoncturelle du renouvellement électoral et de la réorganisation des régions...
Les commandes publiques toujours à la baisse
« La réforme territoriale plonge les acteurs concernés dans un brouillard total quant à l'avenir des territoires, de leurs compétences et de leurs moyens, explique, dans le rapport d'activité 2014 de la FNTP, Bruno Cavagné, son président. Cette attente se cumule avec celle des futurs contrats de plan État-région, dont le lancement a été repoussé de un an, ce qui n'était pas arrivé depuis leur création. 2014 est ainsi devenue " l'année blanche " des décisions politiques. »
La principale problématique vient des commandes publiques, qui représentent historiquement 70 % de la demande et touchent particuliè-rement le négoce. Constituée à 44,1 % par les collectivités locales en 2013 [communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) : 35,6 % ; conseils généraux : 7,0 % ; conseils régionaux : 1,5 %], elle a augmenté de 3,9 % cette année-là, pour atteindre 18,72 Mrds€, avant de baisser en 2014, suite à la réduction de 1,5 Mrd€ de la dotation de l'État aux collectivités territoriales.
Ce glissement devrait s'accentuer dans les années à venir puisqu'une réduction de 5 % du budget de l'État (sur un total de 200 Mrds€) est programmée d'ici à 2017. « 11 Mrds€ de moins sur les budgets de fonctionnement, ce sont autant de chantiers en moins dans les communes qui vont faire des économies sur les infrastructures, estime Éric Lotenberg, directeur de l'activité TP du Groupe Samse. Cette coupe va peser lourdement sur le budget de fonctionnement d'agglomérations et de communautés de communes déjà confrontées au risque de l'inflation de leurs dépenses, au poids de l'aide sociale et au taux d'épargne de plus en plus faible, sans parler des dettes. » Le mouvement de concentration des investissements sur l'entretien s'est ainsi poursuivi en 2013, aux dépens de travaux de fond, avec pour conséquence une dégradation des routes, des réseaux d'eaux potables et un sous-équipement en traitement des eaux.
Des possibilités de relance reportées
Des mesures de conservation de ce patrimoine d'infrastructures, qui auraient pu relancer l'activité ont été revues à la baisse ou reportées. Le Schéma national des infrastructures de transport (Snit) est passé d'un projet d'investissements publics de 245 Mrds€ d'ici à 2030 à 30 Mrds€. Il en va de même du délai accordé aux communes quant à l'application du décret du 27 janvier 2012, qui faisait obligation aux collectivités de recenser leurs réseaux avant le 31 décembre 2013, et de lancer un plan d'action si les pertes constatées dépassent 15 % en zone urbaine, 25 % en zone rurale. « Nous n'avons noté aucun impact sur l'activité de nos adhérents en 2014, confirme Nathalie Roisné, chargée de la mission économique du syndicat professionnel Canalisateurs de France. Toutes les communes ne sont pas au rendez-vous et comme les pénalités qui devaient s'appliquer en 2014 ont été décalées d'une année... En France, l'eau potable représente pourtant près de 1 million de km de réseau, autant que de routes, et le réseau d'assainissement près de 400 000 km. »
Au-delà de l'aspect sécurité et qualité, l'entretien général des réseaux, routiers, d'eau potable et d'énergie ainsi que le renouvellement des infrastructures de transport sont plus que jamais des enjeux économiques. Après les 30 000 emplois déjà perdus depuis 2007, la FNTP chiffre à 60 000 ceux qui pourraient disparaître d'ici à trois ans.
