A Saran, au nord d'Orléans (Loiret), le vaste bâtiment de béton qui abritait les activités de conditionnement de l'entreprise Quelle, spécialisée dans la vente par correspondance, est resté dix ans à l'abandon après sa fermeture en 2010. Malgré ses impressionnantes dimensions - plus de 40 000 m² SP en R + 3 et un sous-sol, 165 m de long sur 65 m de large organisés en six travées -, la métropole d'Orléans qui avait racheté le foncier projetait de le détruire. Son nouveau propriétaire, le promoteur nantais Réalités, va finalement le réhabiliter pour y développer un programme mixte comprenant des logements, un hôtel, des services, des bureaux et un parking silo de 900 places.
Pour mener à bien ce projet, l'architecte orléanais Patrice Debaque de l'agence Créature Architectes a proposé de fendre ce monolithe de béton en deux en détruisant l'une des travées centrales sur toute sa longueur. Deux ont été conservées à l'avant et trois à l'arrière. « Garder l'enveloppe intacte aurait posé des problèmes pour la sécurisation du parking et empêché la lumière naturelle de pénétrer au cœur de l'édifice, explique Nicolas Bany, directeur général délégué de Réalités pour la région Centre-Val de Loire. Cette séparation des usages a également permis de régler les sujets techniques. »
Démolir en préservant la stabilité. Le choix a été rendu possible par la structure poteaux-poutres de 10,80 m de côté de l'ouvrage, dont ni la façade, ni les murs ne sont porteurs. Après curage et désamiantage, la démolition a démarré à partir du toit du bâtiment. Calquée sur la trame de l'édifice, elle a été réalisée par plaques de 100 m² selon un mode opératoire identique : étayer le plafond avant de découper à la scie diamantée les quatre côtés du carré. Une fois désolidarisé, le module de béton était cassé avec un marteau-piqueur télécommandé et les gravats tombaient à l'étage inférieur. « Cette méthode est certes moins rapide qu'un croquage avec une pelle à bras, mais elle préserve la stabilité de l'édifice », souligne Grégory Debeaune, directeur technique chez Réalités.
Pour plus de sécurité, l'architecte et le promoteur ont également décidé de garder un certain nombre de poutres entre les deux parties de l'édifice. Ces dernières ne sont donc pas entièrement dissociées l'une de l'autre, ce qui n'est pas pour déplaire à Patrice Debaque. « Cela assure la stabilité du bâtiment, évite des destructions inutiles et permet de conserver la lecture de la trame architecturale », relève-t-il.
Démarré en juin 2023, le chantier de démolition doit s'achever en cette fin octobre. Il ouvrira la voie à la création des rampes d'accès du parking, sur les trois travées arrière. Ce bâtiment, qui a vocation à accueillir l'ensemble des véhicules des habitants du futur quartier environnant, sera livré fin 2024. Le reste des aménagements - bureaux et autres activités - sur les travées avant, ainsi que les logements prévus sur le toit du parking, se-ront réalisés ultérieurement.




Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Réalités.
Maîtrise d'œuvre : Créature Architectes (conception), A2D (désamiantage et déconstruction), BET : Esbat (béton).
Diagnostic amiante : Socotec.
Entreprise : Valgo.
Calendrier du chantier : juin-octobre 2023.
Budget des travaux (curage, désamiantage et déconstruction) : 3 M€ HT.