Avec Alfortville, équipée depuis septembre d’une déchetterie intégrée, la logistique urbaine des quatre points de vente de CRH Raboni, en bord de Seine, affirme son modèle fluvial. En amont, une partie de leurs approvisionnements est assurée par voie d’eau, à l’initiative de leurs fournisseurs ou au moyen d’une péniche.
Dotée d’engins de manutention embarqués, cette dernière est opérée par le négociant depuis septembre 2013. « Plus de 50 % de l’approvisionnement des quatre agences est réalisé par le mode fluvial. Cela représente 50 000 t par an et la suppression de 3 000 poids lourds sur les routes franciliennes. Nous sommes à la recherche de solutions pour augmenter ce taux à 70 % », ambitionne Alain Renard, directeur général opérationnel Ile-de-France de CRH Raboni.
Pré-tri
En partenariat avec Paprec Recyclage, en aval, le négociant évacue également par voie d’eau au départ désormais des quatre sites, les déchets du bâtiment déposés par ses clients, pour être recyclés. « Anticipant la future obligation imposée aux négociants d’organiser la reprise des déchets issus des matériaux qu’ils distribuent à compter du 1er janvier 2017, nous proposons à nos clients de déposer leurs déchets et de repartir avec des matériaux de construction neufs sur un même lieu. Ce gain de temps et d’argent est très apprécié. Avec les quatre agences en bord de Seine, nos clients bénéficient en Ile-de-France d’un réseau de 13 déchetteries de proximité », rappelle Alain Renard. Chacune est gérée par Paprec-Recyclage à l’aide de ses propres salariés et outils pour accueillir les artisans et veiller au bon déroulement du pré-tri.
Plus gros chantier depuis 20 ans
A Javel (Paris), Issy-les-Moulineaux, Ivry-sur-Seine et Alfortville, les enlèvements fluviaux des déchets sont pilotés par Paprec. Le recycleur exploite pour cela sa propre péniche, équipée d’une cale de 420 m3. Elle permet de transporter jusqu’à 360 tonnes. Tous les jours, le bateau procède à l’évacuation avant de rejoindre, une fois par semaine, le centre de traitement Paprec, au port de Gennevilliers.
C’est cette logistique éprouvée que les deux partenaires ont proposé à Petit Construction, filiale de Vinci Construction, pour le chantier de réhabilitation de La Samaritaine, mené sur une surface de 70 000 m2. Situé dans le 1er arrondissement de Paris, au niveau du Pont Neuf, il s’agit « du plus gros chantier des 20 dernières années sur un monument historique au cœur de Paris », rappelle Marie-Line Antonios, directrice générale du Grand magasin.
Remblais
Durant les 36 mois de travaux débutés en septembre 2015, 110 000 m3 de déchets devront être évacués. Au départ du chantier, 100 % empruntent la route au moyen d’une rue temporaire aménagée au cœur du site, selon deux schémas principaux. D’un côté, les gravats sont acheminés jusqu’aux ports parisiens de Bercy et Javel, où ils embarquent sur barge à destination de carrières pour servir de remblais. De l’autre, les déchets industriels banals (DIB) en mélange, représentant 14 000 m3, sont dirigés vers la déchetterie CRH Raboni d’Ivry-sur-Seine. A raison d’une dizaine de rotations de bennes de 8 m3 par jour, les DIB parcourent ainsi 6,2 km. A Ivry, ils sont pesés puis chargés sur la péniche Spirit of Future grâce une trémie limitant les nuisances sonores et l’émission de poussières.
De là, les DIB intègrent la logistique fluviale conçue par Paprec Recyclage et CRH Raboni, pour rallier le port de Gennevilliers distant de 38 km d’Ivry-sur-Seine. « Cette solution de proximité limite les temps de trajets des camions. Elle montre toute la pertinence de nos implantations en bord de Seine pour développer le transport fluvial dans Paris intra-muros », souligne Alain Renard.
« Pour ce chantier conduit au cœur de la Capitale, un des défis logistiques est en effet d’intervenir dans un environnement urbain dense », confirme Manuel Estèves. « La voie fluviale permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’encombrement des voies parisiennes tout en garantissant le rendement d’évacuation des déchets.»

Dans les faits, cette logistique fluviale collaborative divise par 3,5 le nombre de kilomètres parcourus par les camions. Equivalent à 60 trajets routiers en charge, chaque voyage fluvial entre Ivry-sur-Seine et Gennevilliers émet aussi cinq fois moins de CO2. Cette organisation permet en outre à Petit Construction de respecter les prescriptions fixées par la charte « Chantiers à faible nuisance » signée avec la Mairie du 1er arrondissement ainsi que le maître d’ouvrage, son conseil environnemental et la maîtrise d’œuvre d’exécution. « L’opération de la Samaritaine vise l’excellence environnementale avec les certifications HQE, LEED, BREEAM ainsi que Patrimoine Habitat et Environnement pour les logements du projet ».
Maîtriser les impacts environnementaux
Dans le cadre des objectifs liés à ces certifications, la valorisation des déchets doit être au minimum de 75 %. « Nous sommes déjà au-delà et visons les 85 % », confie Erwan Le Meur, directeur général adjoint de Paprec Recyclage. A l’issue des travaux, près de 35 % des volumes de déchets du chantier de La Samaritaine emprunteront la Seine.
Acteur dans la mise en œuvre de logistiques innovantes, CRH Raboni participe aussi à la meilleure acceptation des activités industrielles et de distribution sur les quais de Seine. Le 11 juillet dernier, le négociant s’est vu décerner le trophée Sable en Seine dans la catégorie « Qualité architecturale et urbanistique » pour la rénovation de son agence d’Issy-les-Moulineaux. Sur la base d’une évaluation annuelle, Sable en Seine promeut l’amélioration continue de l’intégration urbaine des installations implantées le long de la Seine et des canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis, ainsi que la maîtrise de leurs impacts environnementaux.