La Chine, qui pourrait supplanter les Etats-Unis comme premier émetteur mondial de gaz à effet de serre dans les dix prochaines années, se tourne vers les énergies renouvelables comme solution alternative à une croissance ravageuse pour l'environnement.
Le géant asiatique qui, comme pays émergent, n'a pas d'obligation de réduction des émissions polluantes, a déjà détrôné le Japon à la place de 2e consommateur mondial de pétrole, derrière les Etats-Unis. Il est le premier producteur et premier consommateur mondial de charbon, l'une des sources d'énergie les plus polluantes, qui alimente près de 70% de ses besoins énergétiques.
"La Chine est déjà le premier pollueur dans certains domaines comme les émissions de dioxyde de soufre. Globalement, elle est aujourd'hui à la seconde place, mais elle devrait passer devant les Etats-Unis d'ici à dix ans", estime le professeur Gérald Fryxell, spécialiste du développement durable à la China European international Business School à Shanghai.
Le gouvernement chinois voudrait réduire sa dépendance vis-à-vis du charbon, dont l'extraction coûte la vie chaque année à des milliers de mineurs, prévoyant, d'ici à 15 ans, de réduire de 10% sa part dans la consommation énergétique globale, selon les chiffres de l'Institut de recherche sur l'énergie, un organisme officiel.
Début novembre, la Chine annonçait un investissement de 180 milliards de dollars pour développer les énergies renouvelables et porter de 7% à 15% leur part dans la consommation énergétique globale en 2020.
"La Chine encourage les entreprises à utiliser d'autres sources d'énergie, telles que l'énergie solaire ou éolienne, en allégeant certaines taxes", explique Han Zhengguo, analyste pour le groupe financier Haitong Securities à Shanghai.
Pour Greenpeace, la Chine a le potentiel pour devenir le premier producteur d'électricité alimentée par énergie éolienne, qui compte aujourd'hui pour 0,01% des besoins chinois.
Selon un rapport de l'Association chinoise des énergies renouvelables, réalisé en collaboration avec l'organisation écologiste, la seule province du Guangdong (sud), l'un des moteurs de l'économie chinoise, pourrait à elle seule produire autant d'électricité d'origine éolienne que l'Allemagne, aujourd'hui n°1 dans le domaine.
Un tel développement pourrait assurer une production de 20 gigawatts en 2020, ce qui réduirait de 29 millions de tonnes les émissions de gaz à effet de serre.
Mais la majorité des besoins du pays seront toujours assurés par le charbon. Il est donc nécessaire "d'investir des sommes importantes dans le développement des technologies de charbon propre", estime le professeur Fryxell.
"Nous pensons que le plus important pour la Chine est de rendre son charbon propre avec des procédés comme la gazéification", renchérit Emiliano Cecchini, chef de projet du Programme de coopération sino-italien pour la protection de l'environnement, basé à Shanghai.
Par ailleurs, les records atteints par les cours du pétrole cette année sur les marchés mondiaux incitent plus que jamais Pékin, qui dépend à 40% des importations de brut, à considérer des voies alternatives.
Quarante centrales nucléaires doivent être construites d'ici à 2020 et près de 650 millions d'euros seront investis pour réduire les émissions de dioxyde de soufre.
Cependant, le rythme de l'économie chinoise, avec une croissance de plus de 9%, l'une des plus fortes au monde, ne devrait pas ralentir la demande du pays en énergie.
"La Chine peut toujours réduire la proportion de pétrole et de charbon dans ses sources d'énergie, elle continuera malgré tout à en consommer davantage", affirme Gérald Fryxell.
Julie Desne (AFP)