La base de données nationale des bâtiments (BDNB) continue de s’étoffer. Deux ans après sa présentation officielle par le CSTB, la base s’enrichit de nouveaux services grâce à un partenariat avec le Cerema. « L’organisme public très implanté dans les territoires est déjà l’un des contributeurs principaux puisque c’est le Cerema qui nous transmet les fichiers fonciers de la Direction générale des finances publiques (DGFip), soit l’une des trois bases structurantes de la BDNB avec celle des données topographiques de l’IGN et celle des adresses nationales », commence Nicolas Naville, directeur de domaine d’action stratégique au CSTB.
Indicateur du risque de surchauffe
Après le référentiel national des bâtiments (RNB) qui attribue à chaque édifice un identifiant unique, et plus récemment un indicateur sur le confort d’été, les deux partenaires entament désormais une collaboration plus étroite. « Nous venons de publier un nouvel indicateur sur le risque de surchauffe estivale des constructions, qui tient compte de la localisation, de son orientation, de l’isolation, de l’inertie ou encore de l’occultation des baies », reprend Nicolas Naville. Les travaux pour l’enrichir sont désormais communs avec des améliorations visibles dès les prochains mois avec une précision géographique plus fine des données météo et la prise en compte des effets d’îlot de chaleur urbain. Cet indicateur s’inscrit dans une démarche plus globale d’évaluation de la résilience du parc au changement climatique.
Etoffer les informations sur les bâtiments tertiaires
Autre fruit prochainement visible du partenariat, les deux organismes travaillent de concert pour étoffer la BDNB avec des données relatives au tertiaire, en particulier le tertiaire public. « Non soumis à l’impôt ce patrimoine est très mal connu », précise Thomas Plantier, directeur adjoint de la direction technique territoires et villes du Cerema. Là aussi, l’enjeu est de mettre à disposition davantage d’informations sur ces ouvrages d’ici l’été pour répondre aux demandes des collectivités locales. « Ces dernières cherchent à mieux caractériser leur patrimoine, connaître ses performances énergétiques afin de mieux le gérer et l’assurer », reprend le directeur adjoint.
Cartographier les réseaux de chaleur et de froid
A plus long terme, la feuille de route du partenariat prévoit des travaux communs pour enrichir les connaissances sur les réseaux de chaleur et de froid. « L’enjeu est de cartographier les bâtiments tertiaires et d’identifier ceux qui pourraient facilement être raccordés à un réseau existant. Nous voulons, au regard des consommations projetées en 2050 après rénovation estimer l’accroissement potentiel de l’efficacité énergétique du parc », détaille Thomas Plantier.
A court terme, ces informations permettront de respecter la Directive européenne relative à l’efficacité énergétique qui concernera les villes de plus de 45 000 habitants. Le texte devrait être transposé en droit français d’ici octobre prochain. Ces données faciliteront la prise de décision pour identifier les édifices raccordables à ces réseaux ou déterminer si des solutions de géothermie sur sonde, de solaire thermique ou de bois énergie seraient plus adaptées. « Vu les enjeux, il est intéressant d’étoffer la BDNB avec ces sujets », rappelle Thomas Plantier.
Un modèle économique avec trois niveaux de services
S’il s’agit d’un service fourni par des opérateurs publics à partir de données nationales, la base de données nationale des bâtiments propose déjà trois niveaux de services. Le premier concerne la mise à disposition des informations gratuitement en open-data pour tous. Les jeux de données sont accessibles via BDNB.io ou via le site Opendata.gouv.fr. Le deuxième est dédié aux « ayants droits », c’est-à-dire souvent les collectivités locales. Toujours gratuit, le service leur donne accès aux fichiers fonciers, par exemple. Enfin, le troisième niveau d’information, « les données expertes », fruit d’extrapolation et du savoir-faire des deux organismes sont payantes. « Il s’agit par exemple des simulations des Diagnostics de performance énergétique (DPE) qui sont disponibles réellement pour moins d’un quart des logements, rappelle Nicolas Naville. Le CSTB est capable de simuler les résultats pour l’ensemble des bâtiments et cette expertise, qui n’est pas une donnée source, est valorisée. »
11 milliards d'euros/an sont nécessaires à la rénovation énergétique
Le directeur de domaine d’actions stratégiques du CSTB précise également que cette démarche ne vise pas à concurrencer des entreprises privées, en l’occurrence souvent des start-ups du numérique, qui travaillent également sur ces sujets : « Il est important que le secteur public maîtrise cette connaissance fine et précise du parc construit. Pour mémoire, la rénovation énergétique a été estimé récemment par la Cours des comptes à 11 mds d’euros/an ». D’ailleurs, la BDNB doit aussi servir de socle pour proposer de nouveaux services. Les deux partenaires sont ouverts à travailler avec des sociétés privées et « favoriser ainsi le développement d’un écosystème d’acteurs privés autour des données bâtimentaires », poursuit-il.
Faire évoluer le parc bâti pour répondre aux besoins
Outre les services à court terme, l’ambition de la BDNB est de fournir un accès collectif au plus grand nombre sur l’état du patrimoine bâti et du tissu urbain existant. « Nous serons ainsi capable le faire évoluer pour mieux répondre aux besoins, car les enjeux dépassent les simples travaux de rénovation ou d’adaptation au changement climatiques », insiste Nicolas Naville. A plus long terme, ces informations seront utiles aux élus pour adresser des problématiques variées comme la perte d’attractivité des centres villes, la vacance et la sous occupation des logements, les parcours résidentiels…. Des sujets qui les préoccupent de plus en plus.