Dans le BTP, 1 % des entreprises concentrent 40 % des volumes d’affaires. Ce qui signifie donc que 99 % des entreprises détiennent les 60 % restant. Comme chacun le sait, le secteur est très morcelé avec une majorité de petites entreprises. Pour y percer, Dassault Systèmes mise sur le numérique, en particulier sur l’intelligence artificielle (IA).
HomeByMe facilite les rénovations pour le grand public
« Cela fait une quinzaine d’années que nous utilisons l’IA pour des analyses prédictives, du deep learning, du traitement automatique de langage naturel (TALN ou NLP selon l’acronyme anglais)… », commence Rémi Dornier, vice-président en charge de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction chez Dassault Systèmes. Dans la construction, l’outil le plus emblématique est sans doute l’appli HomeByMe, que mobilise en marque blanche un célèbre marchand de meubles à assembler soi-même. « Utilisé par plus de 30 millions d’utilisateurs au total, l’appli efface la pénibilité de tâches fastidieuse comme la modélisation des plans d’un logement. A la place, des scanners de type Lidar intégrés dans certains Smartphones prennent les côtes et facilitent cette étape. » Depuis un an, l’appli s’est enrichie d’un générateur de tendance qui propose trois à six possibilités d’aménagement et de décoration différentes. « Cela permet de se projeter dans une expérience de rénovation sans maîtriser la technologie et d’échanger ensuite avec un artisan. Nous développons cet outil pour aller vers le marché du B2C », confie le vice-président.
Détecter les schémas récurrents dans les données
Au-delà de l’appli grand public, Dassault Systèmes vise surtout la construction en général, les infrastructures et les villes avec toute une palette d’outils qui peuvent intéresser les professionnels de ces secteurs. L’intelligence artificielle trouve là aussi sa place, elle permet de détecter des motifs récurrents sur des données variées comme des textes, des vidéos, des images, mais aussi des températures, des vibrations, etc. puis de comprendre la combinaison d’éléments susceptibles de déclencher une panne sur un équipement. Ce que l’éditeur de logiciel réalise déjà sur des moteurs d’avion, il l’adapte au BTP.
Modélisation virtuelle d’un processus réel
Autre outil incontournable pour percer le secteur : le jumeau numérique, que Rémi Dornier définit comme « la modélisation virtuelle d’un processus réel ». Il précise : « pour décrire ce processus, nous utilisons des technologies et des univers numériques variés, or l’intelligence artificielle permettra demain de coupler plus facilement ces informations. L’IA permettra d’aller beaucoup plus loin que les jumeaux numériques actuels. »
L’IA au service du design génératif
L'intelligence artificielle pourra également être utile pour la conception hors site. Pour l’instant, les maîtres d’œuvre recourent au BIM assorti de design génératif pour préfabriquer des pièces en usine avec souvent une nouvelle prise de côtes une fois que la dalle a été coulée sur le chantier, par exemple. Ces ressaisies représentent un point de souffrance pour les entreprises, qui passent finalement beaucoup de temps à modifier et mettre à jour les informations. « Le design génératif permet de réduire de 60 % le temps lié à cette gestion des changements », assure Rémi Dornier.
Cette technologie permet déjà de générer une forme à partir « des conditions aux limites », comme le fait Catia, l’un des logiciels phare de Dassault Systèmes, pour les façades rideaux. « Le logiciel est capable de décrire jusqu’au système d’accroche de ces solutions », rappelle l’ingénieur. C’est tout l’intérêt du design génératif que de parvenir à intégrer les méthodes d’assemblage et de structure lors de la conception, afin de ne pas se limiter aux aspects visuels.
Kits préfabriqués pour les chantiers
Enfin, la construction hors site se trouve déjà amélioré par ce que Rémi Dornier appelle des « initiatives de kitting » : les industriels préparent des kits dans lesquels découpes, percements et assemblages sont réalisés en amont du chantier. « Cela évite d’avoir à investir dans une usine tout en approvisionnant le chantier avec des systèmes pensés en amont. » Les réflexions sont en cours autour de l’intelligence artificielle pour automatiser la construction en apportant davantage de traçabilité.
