C’est une belle demeure, située à Melun, en région parisienne, avec une particularité : son immense toiture en chaume de 550 m².Construite dans les années 1980, selon les plans d’un architecte néerlandais amoureux des chaumières, elle nécessitait une réfection, 40 ans après sa mise en place. Les propriétaires ont fait appel à la Sarl Bougeard pour déposer puis refaire l’intégralité de la couverture.
Le changement climatique impactant la production de la plante, l’entreprise se fournit en roseaux auprès de producteurs camarguais ou européens, parfois chinois, selon les années. Sur ce chantier, 40 cm d’épaisseur ont été posés afin de créer une toiture étanche et isolante, avec une résistance thermique R de 6,7. En raison de l’architecture particulière du bâtiment, l’entreprise a dû adapter les noues, l’endroit où deux versants de toiture se rejoignent pour former une gouttière en forme de V ou de U. Plutôt que du roseau, les poseurs ont opté pour du cuivre, afin d’éviter que l’eau ne vienne abîmer le matériau.
Respirante, la toiture en chaume permet à la charpente d’être aérée, ce qui évite les moisissures. Grâce à sa forte inertie à la chaleur, elle favorise le confort l’été. Pour améliorer le confort d’hiver, l’entreprise Bougeard recommande la pose d’un frein vapeur. Cette nouvelle toiture devrait avoir une durée de vie de 50 à 70 ans, même si des travaux d’entretien (démoussage) et de rénovation seront nécessaires avant, notamment au niveau des lucarnes. Il faut compter entre 200 et 300 € du m² pour des travaux de rénovation de toit de chaume. Pour ce chantier, le coût des travaux pour les propriétaires s’est établi à 230 € du m².
Pose des bottes
L’entreprise utilise la technique de pose à la barre, ou pose horizontale. Après dépose de l’ancien chaume et mise à nu de la charpente, des liteaux sont posés avec un entraxe d’environ 30 cm. Les bottes de roseaux sont posées sur les liteaux. Chaque liteau est attaché par un fil inox à une barre métallique horizontale, qui maintient le chaume « en sandwich ». Pour une bonne longévité de la couverture, cette barre métallique doit être recouverte des 2/3 de l’épaisseur finale de chaume Ici, cela représente environ 27 cm pour 40 cm d’épaisseur de roseau.

Tapé à la batte, sondé à l’aiguille
Une fois les bottes de roseaux fixées, elles sont tapées, avec une batte, afin de leur donner une forme linéaire qui suit la charpente, à l’épaisseur souhaitée. Puis les poseurs vérifient avec une sonde à l’aiguille que l’épaisseur est constante. S’ils constatent un creux, ils rajoutent de la matière et retapent. Si c’est trop épais, ils tassent de nouveau le roseau pour l’aplatir davantage. En moyenne, les poseurs réalisent 5 m² de toiture par jour.

Pentes et lucarnes
Le roseau étant un produit naturel et biosourcé, il faut 45° de pente minimum pour garantir l’étanchéité de la couverture. Au-dessus des lucarnes, cette pente n’atteint que 30°. L’entreprise vérifiera après trois ans de mise en place comment le roseau réagit à l’exposition à l’eau et au soleil, et des travaux de rénovation pourront être nécessaires au fil du temps.

Outils traditionnels
L’entreprise utilise des outils traditionnels pour la pose de chaume : la batte, sorte de spatule à trous, permet de taper le roseau. La pince coupante sert à couper les fils. La drille ressert les liens, quand les aiguilles permettent de « tricoter » les fils en inox, fixés sous les liteaux, entre les bottes de roseau.

Entreprise : Sarl Bougeard
Dirigeant : Adrien Bougeard
Siège : Pleurtuit (Ille-et-Vilaine)
Date de création : 1988
Effectifs : 17
Activités : couverture, zinguerie, isolation par l’extérieur