Pour son plan pluriannuel d'intervention (PPI) 2025-2029, l'établissement public foncier (EPF) des Hauts-de-France, qui accompagne les collectivités dans la résorption des friches, a opté pour la continuité. « Dans le contexte actuel qui génère déjà beaucoup d'incertitudes, nous n'avons modifié que légèrement les cinq axes thématiques (logement, mixité des usages, développement économique, renaturation et gestion des risques). Nous y avons tout de même ajouté quelques nouveautés », résume Catherine Bardy, sa directrice. L'établissement a ainsi prévu 120 M€ de travaux sur les cinq prochaines années, soit un montant quasiment similaire au précédent PPI (2020-2024). Grâce à ce dernier, presque 500 ha de friches ont pu être remis sur le marché grâce à 380 M€ de dépenses opérationnelles.
Parmi les nouveautés, l'EPF ne finance plus uniquement les démolitions à hauteur de 80 % mais aussi les réhabilitations.
« Nous devons aider à produire 6 250 logements sur cinq ans. Nous intervenons de plus en plus sur les habitations vacantes en centre ancien urbain, mais aussi dans les bourgs.
Pour favoriser la réhabilitation, nous avons introduit une aide financière à hauteur de 300 euros/m² de surface acquise. Elle concerne aussi les commerces en rez-de-chaussée », détaille la directrice.
En matière de renaturation, les aides de l'EPF peuvent monter jusqu'à 100 %.
Portage de long terme. En matière de renaturation, pour laquelle l'Etat a fixé un objectif de 25 ha, les aides de l'EPF peuvent atteindre 100 % « sur des sites où les enjeux sont explicites (trame verte, pelouses calcaires, berges…), précise Catherine Bardy. Dans cette optique, nous allons renforcer nos partenariats avec le Conservatoire du littoral, le Conservatoire d'espaces naturels et les parcs naturels régionaux afin que ces structures puissent rendre inaliénable le devenir du foncier. » A la suite des inondations de l'hiver 2023-2024, l'établissement a par ailleurs beaucoup progressé sur l'accompagnement à la gestion des risques. Enfin, cerise sur le PPI, il propose désormais de travailler sur du portage de long terme, afin de permettre aux élus locaux de constituer des ré serves de fonciers stratégiques. « Nous pouvons maintenant conventionner avec une collectivité n'ayant pas de projets. Nous intervenons alors pour démolir au plus vite et faciliter la gestion. Elle dispose ensuite de cinq ans pour monter un programme définitif ou d'occupation temporaire. Le conseil régional peut même la dégager de son obligation de rachat si un projet de développement économique est déployé », met en avant Catherine Bardy.
Afin d'optimiser les terrains ayant vocation à accueillir des entreprises, l'établissement a lancé fin 2024 un appel à manifestation d'intérêt « Reconquête des zones d'activités économiques existantes ». Objectif : accompagner les EPCI dans leur réflexion en amont et mettre en place des dispositifs comme du portage long, de la veille, des opérations tiroirs, ou des outils comme des baux à construction permettant de garder la maîtrise du foncier.
Le soutien de l'EPF, réservé historiquement au Nord et au Pas-de-Calais, s'est par ailleurs étendu à la Somme où une vingtaine de projets seront épaulés. Prochainement, le nord de l'Aisne, soit 11 EPCI, devrait aussi en profiter. Le sud du département sera, lui, rattaché à l'établissement public foncier local de l'Oise.
Visibilité accrue au niveau national. Important donneur d'ordres, l'EPF des Hauts-de-France porte tous les ans entre 100 et 150 opérations pour lesquelles il passe un marché de maîtrise d'œuvre puis de travaux. « Nous signons aussi des accords-cadres pour des démolitions sans difficultés particulières à moins de 500 000 euros », détaille la directrice de l'établissement dont Xavier Bertrand, également président de la région Hauts-de-France, a pris la tête fin janvier. « Cette nomination donnera plus de visibilité sur ces questions au niveau régional mais aussi national », se félicite la directrice de l'établissement.
Des acquisitions contre les inondations
A la suite des inondations de l'hiver 2023-2024, qui ont touché plus de 400 communes en Hauts-de-France, l'EPF a mis en place un dispositif exceptionnel. Pérennisé dans le nouveau PPI, il finance jusqu'à 80 % des coûts d'acquisition, de démolition et de remise au propre des terrains pour les opérations visant à réduire les risques liés aux submersions marines, aux inondations mais aussi à la présence de cavités souterraines.
Trois conventions ont déjà été signées avec la communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer (Pas-de-Calais).
A Blendecques, une vingtaine de biens seront ainsi démolis, dont la moitié acquis par l'EPF. A Arques, où une trentaine de bâtiments sont concernés, l'établissement interviendra dans les mêmes proportions.
Il innove aussi sur ce territoire avec Arc International, spécialiste de la conception et de la fabrication d'articles en verre pour la table, en lui rachetant du foncier inondable notamment pour le transformer en zone d'expansion des crues de 2000 m². Le produit de la vente permettra à l'entreprise de détruire un pont lui appartenant, qui freine l'écoulement de la rivière.