« Le carbone fera bientôt son entrée officielle dans la construction et nous l’accueillons chaleureusement car l’ambition est à la fois inédite et innovante. De plus, chacun des acteurs de la construction et de l’immobilier s’y prépare depuis des années : école du bas carbone pour certaines maitrises d’ouvrage, stratégie bas carbone pour certaines grandes entreprises (scopes 1 ,2…. et 3, bravo !) (1), expérimentations E+/C- (la réglementation se base sur l’expérience, ce qui est à saluer), innovations industrielles et intrapreneuriat pour construire les solutions du futur : les initiatives ambitieuses et inventives se multiplient et soulignent l’extraordinaire innovation de notre si belle filière, le bâtiment.
En 2017, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050 et de contribuer ainsi à l’atteinte de l’objectif planétaire de neutralité carbone. Cette ambition est traduite dans une démarche portée par l’État, la Stratégie Nationale Bas Carbone. La SNBC planifie la décarbonation de l’ensemble des activités économiques (transport, bâtiment, industrie…) en leur allouant à chacune un budget carbone maximal et dégressif dans le temps.
La SNBC envisage une gestion comptable du carbone, ce qui signifie que pour obtenir un bilan équilibré, il est nécessaire de compenser les émissions de CO2 par les puits de carbone. Or, jusqu’à présent, le découvert se creuse et nous sommes loin de la trajectoire définie pour atteindre notre objectif en 2050.
Les objectifs bas carbone du bâtiment et de l’industrie sont liés
Pour mémoire, dans la Stratégie nationale bas carbone le bâtiment doit diviser par deux ses émissions d’ici à 2030 par rapport à celles de 2015, soit – 49 %. En 2050, l’énergie devra être totalement décarbonée, tandis que matériaux et équipements devront atteindre des objectifs connexes à ceux de l’industrie. A savoir, - 35 % d’émissions de CO2 pour 2030, puis - 81 % en 2050, toujours avec 2015 comme année de référence.
Les objectifs du bâtiment et de l’industrie sont donc intimement liés, ce qui signifie qu’atteindre la neutralité carbone ne se fera que grâce à un travail d’équipe entre ces deux secteurs. Ainsi, lorsque le bâtiment économise des matériaux, il contribue à la trajectoire de l’industrie en matière de consommations d’énergie et de carbone. A ce titre, l’économie circulaire, en particulier le réemploi, sera le meilleur moyen de ne pas émettre de carbone.
Dans ce contexte, le premier palier de – 49 % en 2030 sera décisif. Et l’enjeu désormais est de répartir les budgets carbone entre construction neuve et rénovation, mais aussi entre les différentes filières de matériaux (ciment, acier….)
Objectif : diminuer de moitié les émissions de CO2 en 2030
En 2050, 70 % du parc sera constitué d’immeubles construits avant 2012. L’enjeu principal de la décarbonation portera donc sur le stock existant. Quel budget carbone pourrions-nous allouer à l’industrie de la construction ? C’est pour répondre à cette question que la RE 2020 a été établie avec ses deux principales étapes. La période 2021-2023 comme phase d’appropriation des enjeux et de la méthode, puis celles de 2024-26 et de 2027-29 aux objectifs plus ambitieux afin d’atteindre le fameux palier de 2030.
Réduire les émissions et augmenter les puits de carbone
Nous avons bâti un premier socle de traduction de la SNBC pour les secteurs de l’immobilier et de la construction, grâce aux travaux menés avec l’Ademe et Carbone 4.
Le rapport intitulé « Le chemin vers la neutralité carbone dans le secteur du bâtiment réalisé en juin 2020 présente trois leviers d’action principaux et essentiels :
- Réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) dans sa chaîne de valeur,
- Aider les autres à réduire leurs émissions de GES,
- Augmenter les puits de carbone.
La plupart des solutions à mettre en œuvre existent déjà. L’enjeu désormais réside dans leur mise en œuvre opérationnelle en tenant compte de la réalité économique du marché. A noter au passage que le troisième volet (augmenter les puits de carbone) concerne l’ensemble des solutions qui permettent de stocker du CO2. Les matériaux biosourcés répondent très bien à cet enjeu.
Par ailleurs, l’Ademe réalise actuellement une étude prospective à l’horizon 2050 qui viendra nourrir la prochaine actualisation de la SNBC. Quels que soient les scénarios envisagés dans par le « Projet perspective énergies ressources – 2020-2021 » le stockage carbone aura sa place. Certaines solutions, comme le recours aux matériaux biosourcés, existent déjà. Les autres, moins matures, s’apparentent pour l’instant à des paris !
Mettre la RE 2020 au service de la SNBC
La RE 2020 est une réglementation ambitieuse et innovante à laquelle de très nombreux acteurs se préparent de longue date. La profession pourra certainement transformer ce beau challenge en opportunité. Il y a des réglages à venir afin de faire partager la méthode et de la mettre au service du grand projet collectif que nous connaissons, il est national et bas carbone !
